Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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avait déjà fait venir des soldats étrangers set la ville en fut alarmée. Elle croyait que quatre mille hommes de milices mationales, les suisses de la garde et les gardes du roi étaient suffisans pour ce service : l’on avait donc d’autres vues.

I arriva que, dans le même temps, les ci-devant gardes francaises, devenus à Paris des compagnies soldées, appelées les compagnies du centre, aspiraient à l'honneur de garder le roi et le témoignaient hautement. Mais, soit que la cour redoutàt des hommes qui empêcheraient la fuite du roi, soit qu’elle ne pût voir sans peine rentrer dans ces fonctions ceux qu’elle accusait d’avoir trahi leur maître , Ce vœu lui fut très-désagréable. Quels ‘qu’aient été les agens secrets qui firent circuler cette idée dans la troupe du centre ,M. de la l'ayette, qui la regardait comme une nouvelle ruse des cabaleurs, l'y fit aisément renoncer. Mais M. d'Estaing, qui était commandant de la garde nationale de Versailles, en enpagea une partie, et se hasarda, au nom de l’autre, à demander un régiment pour la soulager dans ce service, et Pour maintenir la liberté du roi et de l’assemblée nationale contre ce qu’on appelait l'insurrection des gardes-francaises. Le régiment de Flandre fut appelé ; et le rot en témoigna sa satisfaction à M. d'Estaing. Versailles en fut alarmé : l'entrée de ce régiment y répandit une consternation générale. I marchaitavec du canonetdes provisions de guerre ; et cet aspect mihtaire fit beaucoup d'impression sur les dé putés. Mirabeau même dénonça hautement cette démarche des ministres : mais ceux-ci se cachaient derrière la demande de la municipalité, Au même temps on doubla, contre l'usage, le nombre des gardes-du-corps, on laccrut de surnumérairess et, quoique ces militaires eussent montré de l'attachement à assemblée nationale , on espéra de les en détacher en mettant cet amour en opposition à celui qu’ils devaient au roi, et sur tout on parut compter sur les nouveaux venus.

Alors éelata la défiance des citoyens. Les dragons les avaient alarmés; mais le peuple s’assura bientôt de leurs dispositions. Les gardes-du-corps, contre leur destination ; étant employés à faire Ja police, commencaient à devenir odieux aw peuple. Quant au régiment de Flandre, les citoyens et la cour se le disputèrent, en faisant des carresses, ceux-là aux soldats, et celle-ci aux oficiers. L’assemblée nationale, inquiète, se voyait divisée en deux partis; celui de la cour s’était montré avec plus d’audace, ou , si Pon veut , de courage, lors des discussions sur les attributions à donner au roi, et la voix des hommes libres y était étouffée. Paris était livré à toutes les horreurs de la famine » au milieu même de l'abondance, le pain était renchéri et de mauvaise qualité; on se battait à la porte ‘es boulangers pour en avoir; il semblait qu’on voulait irri-