Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ter le peuple contre les nouveaux pouvoirs populaires; et des hommes visiblement payés pour occasionner du désordre assiégaient les boutiques, en enlevaient le pain, le jetaient dans la rivière , et retournaient recommencer ce manége. Les pro-yinces étaient alarmées du bruit sourd de la fuite prochaine du roi et d’une contre-révolution, et le parti qui la désirait s'en vantait déjà hautement avec cette jactance qu’il a manifestée à chacun de ces nouveaux complots. Enfin, la capitale effrayée ne voyait plus de terme à ses craintes et sur la France et sur les députés , qu’en possédant l’assemblée nationale et le roi dans ses murs, où cent mille bras pourraient les défendre, où six cents mille hommes surveilleraient tous les complots. Tel est le tableau fidèle de la situation des choses et des esprits, lorsque les gardes du roi donnèrent, le premier octobre, un repas aux officiers de Flandre, et à plusieurs autres militaires, dont le nombre s'était multiplié. On assure que c’estle premier repasde corps que les gardes du roi aient donné. Comme on cajolait depuis quelques jours la garde nationale de Versailles, plusieurs de ses officiers y furent invités. Rien de plus innocent en apparence qu’un festin, mais les circonstances qui accompagnèrent celui-ci portèrent la terreur dans les esprits. Tout y fut ménagé pour rallier les militaires au roi, à ce roi qu'on dépeignait en même temps comme sacrifié par les brigands de l'assemblée nationale. On affecta de porter les santés du roi et de la famille royale, et de rejeter celle de la nation qui fut proposée. Le roi revenait de la chasse, on l’engagea à voir ce festin. La reine fut pressée de se rendre à l’entremets , où les grenadiers, les chasseurs et les suisses avaient été introduits; elle y paraît avec sa famille et une partie de la cour. M. le dauphin est porté par sa mère tout autour de la table. L’enthousiasme s'empare des esprits; l'épée nue à la main, on boit des santés augustes; et la cour se retire. Alors éclata cette orgie indécente qui découvrit et ruina le complot. Les vins sont prodigués et les têtes s’échauffent : on joue cet air chanté si souvent par les faux amis du roi, comme l’hypocrisie entonne les hymnes de David dans un autodafé: © Richard, 6 mon rot, l'univers ‘abandonne. On feint ridiculement un siége, et l’on escalade avec bravoure les loges de la salle de opéra où se donnaitlefestin , et des cocardes blanches sont distribuées aux convives. Bientôt cette foule passe dans les cours du château , et le pinceau sévère de l’histoire se refuse à tracer les indécences burlesques qui s’y. commirent. On a toujours nié que la cocarde nationale ait été foulée aux pieds dans cette fameuse orgie, mais on ne peut nier que les dames de la cour n’aient distribué des cocardes blanches à ces mili-

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