Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

go 2 ASSEMBLEE

la religion. Tous les chanoines du royaume se coalisèrent , ct presque tous les chapitres protestèrent. Une multitude d’évêques, à l'exemple de celui de Tréguier, inondèrent leurs diocèses de mandemens incendiaires; et les évêques négocièrent avec Rome une bulle pour intimider les faibles et poûr dévouer l'assemblée nationale à l’anathême. Et cependant l'assemblée déconcertait ce complot en protestant toujours de son union avec le pape, comme chef de l’église quant au spirituel, et de son adhésion à la foi de ses pères.

Dans le même temps se forma une fabriqueimmense de brochures et de journaux. On savait que les livres avaient beaucoup aidé à la révolution; on imagina que les livres pourraient faire la contre-révolution : c'était le terme consacré par le parti. On crut éblouir le peuple en répandant dix fois plus d’écrits contre l’assemblée nationale, qu'iln’en paraissait en sa faveur: une foule de presses de France et du dehors y furent consacrées; tous les styles furent employés, vers, chansons , épigrammes, satyres, tragédies, écrits contre l'assemblée nationale, contre ses comités, contre ses membresles plus célèbres, contre la ville de Paris, contre ses gardes nationales , dont ils parlaient avec le plus grand mépris. Les pamphlets se succédaient les uns aux autres avec une rapidité proportionnée à la fureur qui les engendrait.

A la formation des municipalités les espérances des privilégiés se réveillèrent: cette autorité nouvelle, le premier degré dans l'administration future ; mais le seul pouvoir populaire alors existant, leur parut un moyen sûr de diviser pour détruire. Ils aspirèrent donc à y placer leurs créatures, et ce ne fat pas sans succès en quelques lieux. Là où les peuples firent de mauvais choix ils en furent les victimes; et les massacres qui ont eu lieu en quelques villes du royaume yont été occasionnés par de mauvaises municipalités.

Les parlemens, qui prévoyaient leur suppression, avaient une marche moins décidée, parce qu’ils savaient que leur autorité n’avait jamais été appuyée que sur l'opinion publique , que maintenant ils avaient perdue. Mais, dans les deux provinces où avait été comploté le projet de l'enlèvement du roi, ils montrèrent plus d’audace, parce qu’ils s’y crurent soutenus. Les parlemens de Metz et de Rouen osèrent protester contre les décrets de l’assembléenationale : celui de Rennes les imita, fort, à ce qu’il croyait, de la noblesse de Bretagne. Mais l'as- : semblée ayant sévi contre eux, et les villes de leur ressort ayant vivement réclamé contre leur audace, tous ces mouvemens ne servirent qu’à les humilier davantage et à justifier leur chute prochaine.

Tandis que les privilégiés agissaient avec ardeur, le mi-