Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTÉ. qi

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nistère les servait par son inertie; et, en retardant l'envoi et l'exécution des nouvelles lois, il prolongeait l’anarchie. Il espérait que le peuple, las du désordre, réclamerait l’ancien régime, sous lequeliljouissait au moins d une stupidetranquillité. En même-temps on aëcaparait les grains, on accaparait le numéraire, on refusait d'occuper les ouvriers, dans l'espoir que le peuple s’ennuierait de son courage.

Dans lesein de l'assemblée, des orateurs ardensentretenaient la chaleur du parti qui regrettait les priviléges ; et l’animosité y fut portée au point que des représentans du peuple, à qui leur vie appartient, la hasardèrent plusieurs fois dans des duels.

Au dehors du royaume, les mécontens, répandus dans toutes les cours, et secondés de presque tous nos ambassadeurs , tâchèrent d’yinspirerleur haîne contre la France; ils y jetèrent les bases d’une réunion de toute l'Europe contre cet empires Ils voularent persuader aux souverains que c'était ici la cause des rois, et qu’ils devaient se rallier pour rendre à Louis XVI l'autorité arbitraire. Imprudens, qui ne voyaient pas qu'ils apprenaient en même temps à l’Europe que c'était aussi la cause des peuples ! Deux princes, réfugiés à Turin, y rassemblaient des gentils-hommes : ils menacaient d’une invasion par Nice, par la Savoie, et se ménageaient des intelligences en Provence, à Nîmes, à Lyon, tandis que le roi de Sardaigne faisait des mouvemens de troupes sur ses frontières. On annonçait alors publiquement que Paris n’était plus digne de posséder son roi, et que Lyon méritait de devenir la capitale de l'empire.

L'assemblée nationale, occupée à parer tous ces coups, avançait toujours à grands pas, foulant aux pieds des ruines, combattant tous les préjugés, dissipant toutes les erreurs É faisant la guerre à tous les abus, détruisant les droits usurpés, et rétablissant cette précieuse égalité qui rajeunit et régénère les nations, en les ramenant à leur pureté primitive. La nation entière la soutenait; etses bureaux étaient couverts d’adresses de toutes les villes qui lui témoignaient leur amour , leur admiration, leur reconnaissance, qui lui promettaient troismillions de soldats pour défendre la constitution, et l’invitaient à Aie à persévérer.

Enfin le roi lui-même parut venir à son secours. Un des plus grands moyens des privilégiés était de dire que le roi n’était pas libre, et qu’il acceptait ou sanctionnait les décrets malgré lui. Il vint donc librement, le 4 février, dans le sein de l'assemblée nationale, et, en se plaignant des efforts que l’on faisait pour ébranlerles principes dela constitution , il déclara qu'il voulait qu’on sût que le monarque et les représentans de