Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. VE

Les tribunaux encore existans cherchèrent à maintenir leur autorité; le parlement de Bordeaux en particulier n’épargna rien pour exciter la révolte. Les tribunaux prévétaux sévissaient contre les citoyens amis de Ja révolution. Le châtelet de Paris, sur-tout, semblait un instrument précieux dont on pouvait tirer un grand parti. L'assemblée nationale lui avait accordé provisoirement et pour peu de jours le Pouvoir de juger les crimes de lèse-nation; et cette autorité provisoire , elle la lui continua quand elle sut qu'il en profitait pour ins_ truire contre plusieurs de ses membres distingués dans le parti populaire. Elle ne voulut Pas que sa vertu fût soupconnée, et cette probité exposa long-temps la chose publique. On reprochait à l'assemblée nationale une indulgence funeste, on lui demaudait de par-tout de créer un tribunal pour juger des crimes contre l’état, et pour arrêter une foule d'entreprises qui restaient toutes impunies. Faveras avait été accusé du projet d’enlever le roi et de lammener à Péronne: le châtelet le condamna à la mort; et Faveras protesta, jusqu’à la fin, de son innocence. Mais un autre accusé échappa à la justice, quoi= qu’on eût un projet écrit de sa main > Où il proposait pour Metz le même plan qui depuis a failli être exécuté pour Montmédy. Il était innocent peut-être ; Mais, en ce cas, comment Faveras était-il coupable ?

Tandis que les nobles cherchaient à diviser l'armée , et que les gens de robe, soutenus de toute l'astuce d’une nuée de praticiens , employaient les ruses de la chicane , le clergé se servait des armes qui lui sont propres. Dans tous les temps et dans tous les pays les prêtres se sont identifiés avec la religion, comme tout docteur ne fait qu'un avec sa doctrine ; leur cause à toujours été la cause du ciel; qui blesse les prêtres blesse Dieu. Ils téentèrent donc plusieurs fois de porter la cause du ciel dans la tribune d’une assemblée qui ne doit s’occuper à régler que les choses de la terre. L'assemblée déclara enfin que son attachement à la religion catholique romaine ne pouvait être douteux au moment où son culte était mis par elle à la première place des dépenses publiques, et que la majesté de la religion et le profond respect qui lui est dû ne permettaient pas qu'elle devint un sujet de délibération, parce que l’assemblée n’avaitaucun pouvoir sur les consciences. Cette sage réponse dont, avant les Etats-Unis, aucune nation, aucun souverain n'avait donné l'exemple, fournit au clergé le prétexte qu'il demandait pour protester contre l'assemblée nationale. Les chaires, et sur-tout les confessionnaux, retentirent de déclamations contre elle. On renouvela, en divers lieux, d’anciennes pratiquesreligieuses, que, dans ces derniers temps, le bon sens etla raison avaient fait oublier. Les peuples étonnés

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