Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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farent supprimées, et celles de secours furent augmentées. Cependant le casuel était aboli d’après le sacrifice même des curés. Les prêtres étaient tous pasteurs salariés. Les ecclésiastiques inutiles fn’étaient plus. L'église avait des presbytères et des maisons pour les évêques et les curés; il n’y avait plus de palais, ni d’équipages, ni de titres fastueux.

Dans l’armée la paie des militaires était augmentée ; le soldat pouvait parvenir à tous les grades sans exceptions: les officiers n’avaient plus besoin que des preuves de noblesse leur tinssent lieu de preuves de service: la discipline était appropriée aux nouvelles lois et aux nouvelles mœurs de l'em-

ire : les punitions arbitraires et les peines avilissantes étaient abolies, le soldat était jugé par ses pairs : l'avancement et la retraite étaient assurés à celui qui viellissait sous les drapeaux ou qui était blessé pour la défense de la patrie. Le soldat, devenu citoyen, après en avoir pris le caractère , devait en prendre les vertus.

Dans les campagnes, les citoyens étaient affranchis de l’esclavage de la féodalité; ils étaient délivrés de la dîme, qui, dans la moitié duroyaume, donnait au clergé letiers du revenu net des productions de la terre, et le quart ou le cinquième dans une autre moitié; de la gabellé, qui, en mettantun prix excessif à la plus vile des denrées, occasionnait tous les ans une multitude de supplices. Laterre, la culture, les récoltes etles hommes étaient libres; un code rural, plein de sagesse , mettait les propriétés sous la sauve-garde de la loi. Une justice facile, journalière et gratuite, terminait tous les différends; l'administration etlarépartition des contributions étaient sous les yeuxmêmes des contribuables, etils pouvaient la surveiller. On voyait que l'assemblée nationale avait eu principalement pour but la félicité des campagnes, parce qu’elles sont les nourricières de l'état, parce que la terre, qui crée et reproduit tous les ans, doit être libre et fécondée. Aussi beaucoup de citoyens qui, par le. changement opéré dans les mœurs , se détrompaient du bonheur de vivre dans les villes, revenaient aux sentimens de la nature , et se félicitaient d’aller habiter la campagne.

Enfin la surface de la France était couverte d'hommes armés de fusils, de canons, d’uniformes; une foule de sociétés de citoyens s’assemblaient par-tout, pour s'occuper de la chose publique et pour repousser les attaques locales auxquelles elle était exposée. Des tribunes dressées dans toutes les villes y répétaient sans cesse les accens de la liberté. Ce n’était plus la France avilie aux yeux de l’Europt, opprimée par une longue chaîne de pouvoirs dont le premier chaînon était à læ cour ; c'était un peuple se débattant contre les anciennes lois, et courant embrasser l’autel de la nouvelle constitution.