Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. 9

de la finesse dans leur conduite que l’orsqu’ils ouvrirent des bureaux pour donner le pain à un sou. Mais le peuple connut le piége et ne voulut pas de leur pain. Ils s’en vengèrent en appelant les Jacobins régicides : ils pensaient qu’un roi qui n’est pas despote ést un roi mort.

Le châtelet, qui vivait encore, était une des grandes espérances de ce parti. Il avait été chargé, comme nous layons dit, par l'assemblée nationale d'informer contre les délits commis le 6 octobre 1789 au château de Versailles. Sous prétexte de rechercher les circonstances et dépendances, le chàtelet s’attacha à insinuer que M. d'Orléans et M. de Mirabeau avaient voulu faire assassiner la reine; et il rassembla toutes les indications qu’il lui fut possible de recueillir pour arriver à son but. Il reçut les dépositions des membres du côté droit de l'assemblée contre des membres du côté gauche , et, prenant toute la latitude que lui donnait la facilité d'informer, il recueillit une multitude de dépositions rapprochées avec assez d'art pour offrir aux esprits inattentifs un fantôme de complot contre la cour. Il en fit grand bruit à l'avance, dans l'espoir d’intimider les patriotes de l'assemblée, qui d’ailleurs étaient disposés à sacrifñer ceux d’entre eux qui auraient été coupables.

Mais cette intrigue du châtelet tourna contre ceux mêmes qui l'avaient ourdie, il concluait par décréter quelques personnes ; il disait à l'assemblée nationale : Le voilà donc connu ce secret plein d'horreur! les coupables son assis entre vous. Et il lui demandait si l’inviolabilité des députés défendait toute poursuite contre M. d'Orléans et M, de Mirabeau. Les orateurs qui parlèrent en cette occasion , déclarèrent que chaque membre aurait horreur d'un pareil droit. :

Cependant la procédure du châtelet fut imprimée : tous les citoyens la lurent ; et leur surprise fut égale à leur indignation. L’instruction fut jugée par le public avant que l'assemblée nationale püt s’en occuper. Il disait que le châtelet, en informant contre la journée du 5, tandis qu’on l'avait chargé d'informer contre celle du 6, informait contre tout Paris qui sétait porté à Versailles ; qu’il faisait le procès à la révolution, et que sonintention était de la déshonorer; qu’il voulait présenter le mouvement généreux d’une capitale indignée de ce qu’on voulait emmener le roi à Metz comme une révolte et un assassinat dirigés par des membres distingués de l'assemblée nationale, qu’il cherchait à tromper le roi, à appitoyer l’Europe sur son sort en le représentant comme prêt à être détrôné par.M. d'Orléans ; que c'était là ce que répandait par-tout le parti des émigrans et les privilégiés ; que le châtelet, maître de faire les re cherches dans Le sens qu'il lui plaisait, n’avait entendu que les