Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dépositions qu’il croyait pouvoir aller à son but; qu'il en avait recuêilli sur-tout parmi ceux des députés qui étaient dans Te parti dela cour; qu’il avait écarté des dépositions qui auraient contrarié ses vues; que , malgré cet artifice et les trois cent quatre-vingt-huit témoins qu’il avait préféré d'entendre, il ne résultait rien contre MM. d'Orléans ét Mirabeau ; qu’il s'était bien gardé de faire des recherches sur l'orgie de Versailles et la cocarde blanche, véritables causes de l'insurrection de Paris, ni sur les mains perfides qui avaient préparé la famine aux Parisiens, ni sur le projet d'enlever le roi à Metz, pour décider la guerre civile; que c'étaient là les crimes de Ièse-nation qu’un tribunal impartial aurait dû poufsuivre.

Cette procédure, imprimée et répandue par-tout, servit à persuader qu’il n’y avait point eu de complot contre la famille royale, puisque, malgré tant d'artifices, le châtelet n’avait pu en découvrir. Et, lorsque le rapport en fut fait à l'assemblée nationale , elle déclara qu’il n'y avait pas lieu à accusation contre M. d'Orléans et M. de Mirabeau. Tout le monde applaudit à ces terribles paroles du dernier : « Oui , le secret de cette » infernale procédure est enfin découvert :il est là tout entier » ( désignant le côté droit de l'assemblée où siégeaient les » amis des priviléges ); il est dans l’intention de ceux qui ont » cru trouver une occasion de signaler leurs affreux ressen» timens; il est dans l’iniquité des juges qui se sont rendus » coupables de ce dessein ; il est là tout entier, tel qu’il sera » buriné dans l'histoire par la plus juste et la plus implacable » vengeance. » Après le jugement de cette affaire il n’en fut plus question, et ce nouveau complot s'évanouit en fumée comme les autres.

Tandis que les privilégiés employaient au dedans tous les moyens qui étaient en leur pouvoir pour diviser la France ils en ménagaient au dehors pour l’attaquer. Ils comptaient sur l'indiscipline des troupes, sur les intelligences ou la défection de leurs chefs, sur la bonne volonté de quelques directoires et de quelques municipalités, sur le rassemblement de tous les gentilshommes en des lieux convenus, surles intelligencesavec les bureaux des ministres, sur les mouvemens fanatiques de quelques villages , sur des enrôlemens qu’on faisait à Paris et dans tout le royaume, et sur des préparatifs faits à Metz et dans les environs, pour donner la main aux troupes de l’emPereur et à celles du roi de Prusse.

Au dehors tous les cabinets de l’Europe étaient sollicités de réunir leurs forces contre la France. Ces propositions y étaient bien accueillies, soit que le mot de liberté déplaise naturellement dans toutes les cours , soit qu’elles crussent faire une chose agréable au roi des Français, soit qu'elles y trouvassent