Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. 101

Ïl les chargeait d’une manière précise d'annoncer à tous les . souverains l'attachement du roi pour la constitution; il rap pelait ses engagemens, ses promesses, et tous les actes libres qu’il avait faits pour manifester ses intentions. Pendant que le ministre, qui n’était peut-être pas dans le secret du comité autrichien, parlait ainsi, et que l’assemblée, applaudissant à son langage, ordonnait l’envoi de cette lettre dans tout le royaume, on songeait réellement à faire partir le roi.

Le serment exigé des prêtres était un des prétextes dont on se servait pour essayer une de ces grandes querelles que lon appelle schisme , et dans lesquelles les hommes se divisent et puis se battent pour des abstractions qu’ils n’entendent pas. L'assemblée nationale avait appelé constitution civile du clergé ce qui n’en était que l’organisation. Il semblerait même qu’elle aurait mieux fait de ne pas s’en occuper, parce que chaque profession et chaque professeur peut s'arranger à sa manière, sauf l'inspection du gouvernement. Elle s'exposait au danger de recréer sous une forme, un corps qu’elle avait détruit sous une autre. Mais les prêtres tiennent tellement à toutes les affaires temporelles, et se rattachent si bien à celles du gouvernement, qu'il est difficile de les.en détacher , et que , de quelque manière que l’on s’y prenne, on les retrouve par-tout; ce qui forme un embarras dans tous les pays où le souverain, quel qu'il soit, veut sérieusement être le maître.

L'assemblée ayant donc organisé le clergé selon les principes de la constitution francaise, elle exigea des prêtres le serment, prêté par tous les citoyens, de maintenirlaconstitutions mais elle exigea en même temps qu’ils jurassent de maintenir la constitution civile du clergé. Tant de militaires qui ont prêté et faussé leur serment civique ne se sont pas avisés de dire que le ciel était blessé de l’organisation militaire : leur prétexte a été qu’ils avaient déjà prêté un serment au roi, ce qui rendait le dernier nul. Mais les prêtres ont coutume de s'identifier avec Dieu , et qui les offense offense le ciel. Les esprits subtils découvrirent donc ici le moyen de faire un schisme, en disant que cette constitution temporelle était une constitution spirituelle , et même une autre religion ; que c’était gêner les consciences, tourmenter les prêtres, les exposer au martyre. Ils demandaient même la mort, et qu’on les conduisit au supplice, bien assurés que l’assemblée nationale n’en ferait rien.

Il se trouva dans le royaume un assez grand nombre de personnes de bonne foi qui s’imaginèrent qu’en effet leur conscience était blessée dans cette organisation du clergé : car ce que l’on croit le plus est très-souvent ce que l’on entend le moins. Cependant on déplaçait les prêtres qui ne juraient pas, et on leur donnait une pension : mais ceux-ci cherchaient à