Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

106 ASSEMBLEE

enceinte. Cinqcents mille hommes étaientsurson passage;etle roi n’entendit ni reproches ni murmures : maïs un silence improbateurrégnait par-tout;touteslestêtes restèrent couvertes, toutes les armes étaient baissées ; et le roi dut apprendreen ce jour que c’est le peuple qui est le souverain. Il fut conduit à son château des ‘Luileries, où l’assemblée lui avait ordonné une garde dont le commandement fut confié à M. de ja Fayette.

L'assemblée , voulant informer contre le délit national qui avait été commis, ou par l'enlèvement du roi, ou en favorisant son évasion , fit mettre tous ceux de sa suite en état d’arrestation. Ils furent interrogés , et on reçut simplement la déclaration du roi. Le roi déclara, entre autres choses, que son intention était d’aller à Montmédi, afin de frouver qu’il était libre, pour veiller sur la frontière à la sûreté du royaume contre les étrangers qui pourraient tenter une invasion, etse porter par-tout où 1l jugerait convenable. Plusieurs furent convaincus de la sincérité du roi , auquel on n’a jamais présenté d’un projet que ce qui pouvait intéresser son cœur : l’on n'aurait pas osé luiconfier qu'ilallait faire la guerre à son peuple. D'ailleurs on ne pouvaitguère douter qu’il n’eût été proposé aux grandes puissances de l’Europe de profiter de l’occasion pour envahir la France et se la partager. C’est à l’électeur de Mayence qu’on faisait honneur de cette idée. Le comité autrichien se défait de la ligue des princes qui aurait pu dé trôner le roi; et M. de Breteuil luttait contre M. de Calonne.

L'assemblée nationale avait à se garantir de l'impression générale qu'avait faite la fuite du roi , et de l’indignation des peuples dont il lui venait chaque jour des preuves. Déjà plusieurs faisaient entendre que désormais on ne pourrait plus se fier à la parole du roi; que les Français ne pourraient plus obéir à un monarque qui les avait trahis ; que le roi devait être mis en cause puisqu'il avait abandonné la nation, et que sa fuite devait être l’occasion d’une guerre civile ; que les Bourbon regretteraient toujours le despotisme ennobli par les noms de Louis XIV, et Louis XV, et se regarderaient à jamais comme déchus et dégradés; qu’il resterait dans le cœur de cette famille un ressentiment éternel; et qu’elle chercherait et trouverait les occasions de se venger et d’opprimer la liberté que les peuples avaient conquise avec tant de peine. Ils disaient qu’il fallait profiter de l’occasion pour ôter du sein de la France un ennemi naturel qui ne lui laisserait jamais de repos ; que la liberté ne pouvait compatir avec la monarchie héréditaire ; et qu’il convenait détablir un conseil de régence, éligible par la nation et responsable , auquel serait confié le pouvoir exécutif,