Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

POLITIQUES. 113

du désert ont fini; les chevaliers errans ont passé, les templiers, les jésuites, les moines et moinesses de toute couleurne sont plus. Serait-il extraordinaire que la féodalité finit à son tour.

X.

Les fameuses croisades procurèrent à l'Europe les arts, les sciences, l’affranchissement des villes etla libertédes paysans : ce fut le prémier coup porté à la noblesse par elle-même, On dit que, pour s’achever, elle prépare une autre croisade.

XI.

LE dix-huitième siècle a préparé de grands changemens dans les opinions humaines, et par conséquent unerévolution dont les commencemens se sont montrés en Amérique et en France. Elle a souffert peu d’obstacles en Amérique, parce que cette terre, neuve, sans voisins et sans préjugés, n’offrait aucun de ces vieux monumens qui rendent les vieilles opinions respectables, et parce que les hommes ÿ étaient transplantés d'ailleurs, de condition à-peu-près égale, et disposés à se rapprocher par des besoins réciproques. Les préjugés d’une société oubliée s'étaient éteints dans la société nouvelle; au moral et au physique elle était dans un monde nouveau, C’est dire pourquoi le contraire est arrivé en France.

XII.

La France n'a pas fait sa révolution, mais elle l’a commencée. :

XIII.

Le changement d'opinion qui se prépare, repose tout entier sur ces deux mots, Égalité et Liberté. Or ; jusqu'ici l’opinion politique a été fondée sur ces deux autres principes, Inégalité des droits et Servitude. Mais le passage de cette opinion-ci à la première doit être marqué par la plus forte résistance de la part de tous ceux qui, par intérêt ou par préjugé, tiennent à l’ancienne opinion, c’est-à-dire, des trois quarts des hommes dans les pays éclairés , de tous dans les pays qui ne le sont pas. Qu'on se rappelle ce monarque d’Asie qui pensa étouffer à force de rire, quand un Véuitien lui dit que son Pays se gouvernait sans roi. On ne réfléchit guère davantage dans la moitié de l'Europe.

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