Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 244
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ter à la barre de l'assemblée ; ils n°y paraissaient que pour répondre à des interpellations injurieuses, à des dénonciations qu’on venait de faire contre eux. On leur témoignait, à-la-fois, et la haîne qu'inspire un pouvoir absolu, et le mépris qu'inspire une autorité sans force. On recevait, avec une complaisance adulatoire, tous les pétitionnaires, et sur-tout lorsqu'ils venaient dénoncer la cour, les ministres, et Ceux qu’on suposait leurs défenseurs. On n’était préoccupé que de mesures de salut public, tous les dangers étaient présentés souslescouleurs les plus sombres; on semblait entrevoir la crise Ja plus prochaine, la plus terrible ; on s’efforçait de la faire naître. La première discussion importante, roula sur la nécessité d’arrêter les progrès de l’émigration; il régnait dans la France, une inquiétude universelle à cet égard. L'assemblée témoigna bientôt qu’elle l’'éprouvait elle-même très-vivement. Les républicains, résolus à ne suivre, d’abord contre la eour qu'un plan d'attaque indirect mais pressant , saisirent , avec avidité, une occasion de l’accuser et de l’éprouver. Ils savaient, d’ailleurs, que le meilleur moyen de s'assurer de la faveur du peuple, c’est de l’exalter dans ses craintes. Brissot, Vergniaud , Gensonné et Guadet, demandèrent une loi de rigueur contre les émigrés. La rapidité historique ne permet point de rappor= ter leurs discours : j’en vais seulement faire connaître Pesprit, pour donner une idée de la manière dont ils commencèrent leur attaque, et dont ils se trouvèrent conduits à entrer dans le fatal système des lois révolutionnaires, « La faculté d’allér d’un pays dans un autre, est un de ces » droits primitifs de l’homme, que nous avons dû reconnaître » et proclamer, mais le droit cesse où le crime commence. Est» il pn crime plus justement dévoué à l’indignätion des peu» ples, que celui d’aller provoquer une guerre étrangère con» tre sa patrie ? Telest le but de ceux qui désertent aujourd’hui » la France. Vous n’en pouvez douter ; écoutez leurs menaces, » lisez les manifestes des princes quiles appellent, lisezceslibelx les, ces écrits scandaleux, par lesquels ils se provoquent, au » nom de l'honneur, à ce que toutes les nations ont regardé » comme le comble de la lâcheté. Nous est-il permis d'ignorer » ce que l’Europe publie, ce dont elle frémit pour nous» mêmes? Ne savons-nous pas que, dans ce moment même, » les cabinets étrangers sont obsédés de leurs conseils, et que » peut-être, déjà ils se disposent à les suivre ? Faut-il citer les » noms des coupables? Toute l’Europe vous les apprend; que ».dis-je, leur impudence même vous Jes fait connaître. Les » frères du roi sont-ils arrêtés par aucune pudeur, par aucun » respect pour lui? Ils osent bien se dire ses interprètes Quels » noms encore à vous citer ? Celui de deux ex-ministres abhor-
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