Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 246
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LEGISLATIVE, 207
dissoudre par l'impuissance où elle sera d'agir. Quel effet produira le dernier et fatal avertissement qu'on propose ? Calmera-t-il les passions, et sur-tout l’orgueilrévoltéf® Non, il lirritera davantage. Ce décret ramènera peu de fugitifs , et créera, même au milieu de nous, de nouveaux milliers de mécontens. Par quoi les émigrans seront-ils bien sûrement avertis ? C’est par le temps, par la misère, qui déjà s’avance vers eux, et les dévore. C’est par la dure hospitalité des étrangers ; c’est par ces affections natives, qui ne peuvent être interrompues long-temps dans le cœur de l'homme, et sur-tout du Français. L'assemblée constituante, plus sage et plus fière que nous, a dédaigné ce vain rassemblement que forment, autour de notre frontière, des hommes qui seraient peut-être plus dangereux dans notre sein. Un signal d'alarme, donné si prématurément, deit accroître l'audace des rois jaloux , qui croiront lire dans nos terreurs, le sentiment de notre faiblesse. Oui, sans doute, ilyaici un crime, mais où trouver les criminels, et par quelsmoyens les atteindre ? Elles seront bien vastes et bien terribles les listes de proscription qu’on veut ouvrir. La peine de la confiscation est odieuse dans tous les gouvernemens, mais dans les gouvernemens libres, elle est sur-tout un poison qui corrompt toute morale, toute probité; elle offre, pour le moment, une ressource à laquelle on veut souvent revenir, et on n’yrevient que par de l'oppression et par des crimes. Tous les émigrés, d’ailleurs , sont-ils coupables, ou le sont-ils au même degré ? Il en est que la crainte seule a chas-
. sés loin de leur patrie. Montrons-leur une révolution qui se j
calme par la sagesse, il reviendront; montrons leurxune révolution qui se perpétue sans objet , et avec des désordres toujours croissans, nos décrets, nos menaces, ne sufhront pas pour les rappeler.
» L'émigration existait avantlarévolution même. L’activité des Français, les encouragemens que reçoivent , au dehors, leur industrie et leurs talens, le désir même de les perfectionner, les y conduisent souvent. Devez-vous les arracher, sans scrupule , à leurs entreprises commencées ? Peuventils entendre votre avertissement dans les régions diverses où le sort les a jetés ? Que d’injustice, que d’oppression , vous allez renfermer dans une seule loi ! Vous essaierez de la modifier ? Atroce dans son but , elle le sera toujours dans ses moyens. ».
Ces considérations ébranlèrent peu l'assemblée. Lestableaux
alarmans qui lui étaient offerts par différens orateurs, élaient, chaque jour, confirmés par les nouvelles que l’on apprenait. L’indignation dicta deux décrets, prélude nécessaire de lois