Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 249

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soumis, par la constitution, à la sanction du roi. L'un et l’auz tre blessaient cruellement ses affections. Il avait au moins de Ja pitié pour les émigrés , et une entière soumission, dans ses opinions religieuses , aux prêtres insermentés, On lui présentait, d’ailleurs, à signer la proscription de son frère. Louis ressentait, avec plus de force que ne le font ordinairement les rois, l'empire des affections domestiques. Troublé de ces nouvelles épreuves, qu’on lui faisait subir , il appela de tous côtés des conseils. Il admit auprès de lui des hommes de tous les partis, et il leur parla comme si chacun d’eux avait eu sa confiance. Déjà il avait été obligé de renouveler en partieleministère. Montmorin avait quitté le département des affaires étrangères; l’assemblée constituante avait assez exercé sa constance 4 il craignit les orages d’une assemblée plus turbulente. Le roi le vit s'éloigner à regret, et ne cessa de le consulter commeun ami. Montmorin en eut le dévouement. Plusieurs hommesrecommandables, et parmi eux Barthélemi, refusèrent ce ministère; Delessart l’accepta, Bertrand de Molleville, fut nommé à celui de la marine; Narbonne à celui de la guerre; Cahier de Gerville, à celui de l’intérieur; Tarbé, à celui des contribations publiques; Daport-Dutertre tenait les sceaux de l’état. C'étaient- là les conseillers de Louis. Leursdivisions, dont j'aurai bientôt à ‘rendre compte, rendirent inutile ou funeste pour le roi, leur zèle même à le défendre. Ce fut au milieu dé Vembarras où le mettaient ces deux décrets, que les intrigues jouèrent en tout sens autour de lui. Plusieurs chefs du parti populaire de l'assemblée constituante, et particulièrement Duport, Barnave , et Alexandre Lameth, furent appelés dans une cour, où ils étaient haïs et soupçonnés (c).Ilsproposèrent des partis vigoureux; et, commeils avaienttoujours à craindre la faiblesse du monarque, ils voulaient qu'il se plaçât sous leur tutelle, de manière à écarter toute autreinfluence. Ils lui enseignaient les moyens de disputer de popularité avec l'assemblée législative, même en refusant ces décrets. Louis écouta sans murmure, mais suivit sans fidélité, les propositions qui lui furent faites à cet égard. La reine, particulièrement, montrait de l’aversion pour tous les plans qui subordonnaient le roi, à l'influence des hommes qui avaient porté les premiers coups à son autorité. On exigeait de Louis, qu'il remplacät les mesures de l'assemblée , contre les émigrés, par une active surveillance, par des exhortations et des menaces pressantes. On voulait, qu’à l'égard des prêtres insermentés , il témoignât qu'il voyait, au moins avec regret, leur opposition , et qu’il ne les choïsit plus pour diriger sa conscience. Louis répondait qu’il devait au moins jouir de la liberté accor