Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 258
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vives inquiétudes , en lui transmettant les réponses faites par. les différentes cours de l'Europe, à la lettre où Louis leur ap= Prenait qu'il avait accepté la constitution. Quelques-unes deces réponses exprimaient de la commisération pour Louis, et - de l'horreur pour son peuple; celle de Léopold était modérée. L'assemblée désira qu’elle fût plus précise. [1 était juste de de. mander, et on le fit , que lempereur d'Allemagne cessât de permettre le rassemblementet l'armement des émigrés, quiavaient lieu, particulièrement, dans l'électorat de Trèves, Si Léopold se décidait à les faire cesser , Plus de prétexte pour la guerre ; il différa de s’expliquer. Cependant on conçut un augure favorable de ses intentions, en apprenant qu'il avait défendu les rassemblemens d’émigrés dans les provinces belgiques. Déjà lassemblée elle-même semblait se livrer à quelque sécurité , le parti de la Gironde réveilla ses alarmes. Vergniaud compara, dans un discours véhément, les dispositions actuelles des Français, à celles des Athéniens au temps de Philippe. Il employa, avec habileté, tous les reproches que Démosthène avait adressés à l’indolence de ses compatriotes dégénérés. L'assemblée voulut montrer de l'audace et de la fierté, elle insista pour avoir une réponse absolue sur le rassemblement des £migrés dans l'électorat de Trèves. On ne peut pas savoir, avec certitude, qui dicta la réponse mal-adroite que fit le cabinet de Vienne, à ces nouvelles instances. Le prince de Kaunitz, premier ministre de l'empereur, jouissait de la réputation d’un politique habile, et peut-être la faveur des événemens où il s'était trouvé placé, avait- elle fait tous les frais de cette réputation. fl méprisait la révolution francaise, et ne s’était point attaché à la connaître. Il écrivit une note confiden tielle à M. Delessart, qu’on soupconna avoir été concertée en tre eux, et sollicitée par la cour dé France. = Le malheureux Delessart vint, en quelque sorte, se livrer lui-même à ses redoutables ennemis, le jour où il lut à l’assemblée cette correspondance. Le ministre autrichien promettait l'intervention de l'empereur, pour faire cesser le rassemblement des émigrés dans l'électorat de Trèves, mais c'était sous la condition que le roi serait respecté dans son autorité constitutionnelle, sous la condition, encore, que le peuple français et ses représentans, songeraient enfin à s'affranchir de la domination des clubs devenus une source de fléaux pour la France, et d’épouvante pour l’Europe entière. Mais si leur ascendant continuait à peser sur la France, le ministre an= nonçait que son maîtré avait résolu de pourvoir à sa sûreté, à celle de l'Allemagne, et enfin à la vengeance d’un roi, son allié le plus ititime. Peut-être Delessart avait-il cru voir, dans cette déclaration,