Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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CONSTITUANTE. 21

prunt successif fut convenu entre le ministère et plusieurs membres du parlement, et il devait être accordé dans une séance royale aussiconvenue. Mais chaque autorité y vintavec ses prétentions ; le parlement avec celle d’opiner à a pluralité des suffrages , le garde-des-sceaux avec celle de faire enregistrer sans compter les voix, quoiqu'il dût avoir la majorité. Les magistrats s’indignèrent : quelques-uns soutinrent avec force leur prétention , l'appuyant de l’intérêt des peuples. M. d'Orléans demanda au roi s'il tenait un lit de justice , et protesta contre ces formes arbitraires. Le roi touché tour-à-tour des discours éloquens de quelques magistrats et de l’insulte qu'il croyait faite à son autorité, éprouvait des mouvemens contraires. L’emprunt n’eut pas lieu ; mais M. d'Orléans futexilé, ainsi que M. Fréteau et M. Sabbatier qui avaient parlé avec beaucoup de courage.

Quoique le parlemeut eût encore moins le droit de consentir les impôts pour la nation, que le gouvernement de les ordonner, il fut l’objet de la reconnaissance publique. Ces actes arbitraires faisaient des magistrats autant de martyrs; et le peuple s’attache à ceux qui souffrent pour lui. D’ailleurs le parlement était alors la seule barrière au despotisme : on ne se fiait pas sur lui, mais on l’appuyait.

Le gouvernement ne faisait que des fautes. Il était alors réuni dans la personne de deux ministres, M. de Brienne, devenu archevêque de Sens, et le garde-des-sceaux. Le premier était premier ministre, et entraînait la confiance du roi, le second fut obligé de s'appuyer sur lui pour écraser les parlemens. Ils réunirent leurs projets comme ils avait réuni leurs forces. M. de Lamoignon préparait à la magistrature deux coups, qu'il jugeait terribles; c’était la création de plusieurs grands bailliagés, laquelle diminuait le ressort, le crédit et les épices des parlemens; le second était la réforme des lois criminelles. Le peuple, sur-tout dans les provinces, devait voir ces changemens avec plaisir. M. de Lamoignon ytravaillait et y faisait travailler avec une constance qui tenait à son ca ractère. Je ne’sais quel homme à vué courte proposa, en même temps, à M. de Brienne le projet de la cour plénière , où les édits devaient être enregistrés. C’était une réunion sans principe de princes, de pairs, de magistrats, de militaires, que lon croyait devoir remplacer avec avantage les parlemens dont s’entouraient nos premiers rois. C'était encore un coup que Fon préparait à la magistrature. Le garde-des-sqeaux, qui en avait combattu le projet fut obligé de céder à l’äscendant de M. de Brienne dont il avait besoin. +

Le parlement avait perdu de l'estime publique en S’opposant à l'établissement des assémblées provinciales et à l’édit