Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

2h ASSEMBLEE

sources qui ne fussent pas une usurpation sur les droits des états-généraux dont la convocation lui paraissait indispensable. Par ses conseils les magistrats exilés furent rappelés , les parlemens rendus à leursfonctions, les prisons ouvertes, et tout ce qui restait des opérations des deux derniers ministres entièrement effacé: sur-tout le vœu général de la nation, fut exaucé et la convocation des états-généraux fut promise. Ainsi ce ministre préparait à l'empire la liberté, en même temps qu'il le garantissait, par ses soins, des horreurs de la disette dont ilétait menacé.

Alors parurent au grand jour les prétentions qui , depuis ; ontétéla cause de si vives querelles. Le peuple, la nation, ceux qui ont reconquis le titre de citoyens, demandaient des étatsgénéraux qui ne fussent pas vains et illusoires comme tous Ceux dont l'histoire leur était retracée. Et, par la même raison, ceux qui redoutaient cette puissance majestueuse et incommensurable d’une grande nation assemblée, ceux qui l'avaient retardée , ceux qui avaient feint de la désirer , et toutes ces têtes serviles accoutumées au joug de toutes sortes d’usages, demandaient des états-généraux assimilés à ceux de 1614. Le parlement sur-tout, qui commençait à prévoir sa petitesse future devant une aussi grande puissance , arréla qu'on ne pouvait convoquer les états-généraux que dans cette forme: il se ressouvenait que le parlement y avait joué un rôle. Cette prétention de régler la marche de l'autorité nationale le perdit entièrement dans l'opinion publique. :

Mais le tiers-état, cette portion immense d’une nation éelairée et célèbre, cette masse d'hommes qui composaient véritablement la nation, s’indignait d’être assimilé aux communes , récemment affranchies sous le règne de Philippe-le-Bel , et qu’en 1788 on voulût l’astreindre anx usages établis pour les paysans à demi esclaves de 1302. Il était digne en effet de sentir que l’espèce humaine était agrandie.

M. Necker, ne pensant pas que le conseil dût, au milieu de ces prétentions opposées, décider la foule des questions relatives à la convocation des états-généraux, assembla de nouveau les notables pour les consulter. Ils avaient bien mérité de la patrie; et il présumait deleur fermeté précédente en faveur de leur impartialité future.

Durant ce temps les provinces agitées se livraient a tous les mouvemens qu’excitaient dans leur sein le sentiment des maux de la France, l’indignation des outrages qu’elle avait recus de la foule de ses maîtres, et l'espoir d’un meilleur ordre de choses. Le Dauphiné leur donnait un grand exemple. Après avoir repoussé avec courageles menaces sanguinaires du despotisme; il traçait avec hardiesse un plan d'organisation du royaume.