Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 6r

espoir, fondé sur une action coupable! la sœur de l’empereur fut conduite , quelques mois après , à l’échafaud ; et le gouvernement autrichien sut au moins s'abstenir d’indignes représailles.

Dumouriez s’'abandonna tout à Vaudace. Il imagina que le coup qu'il venait de frapper avait plus étonné que révolté ses soldats ; qu’un nouveau trait de résolution et un premier succès les attacheraient plus fortement à sa cause, Ïl voulut réparer , à force d'activité, et ses fautes et celles de ses agens. Il porta encore une fois ses vues sur Condé. Il avait recu l'avis qu'une partie dé la garnison se déclarait en sa faveur ; il marcha vers cette ville en diligence. Il était tellement dominé par l'impatience d'occuper cette place et de la présenter aux Autrichiens comme un gage de sa foi, qu'il devanca des régimens de cavalerie qui devaient le suivre, et se mit en route n’ayant pour escorte que quelques-uns de ses amis les plus dévoués et quelques hussards , qui formaient en tout un groupe de trente chevaux. Il rencontra une colonne de trois bataillons de volontaires qui marchaient sur Condé avec leur bagage et leur artillerie. Comme ce n’était pas lui qui avait ordonné ce mouvement. il s’en inquiéta. Il s’approcha d'eux pour signifier aux officiers de se retirer : ceux-ci donnèrent quelque faible excuse; les soldats se turent. Dumouriez poursuivit sa route; mais bientôt il fat arrêté par un aidede-camp qui lui apportait des nouvelles assez défavorables de ce qui se passait dans Condé. Il s'obstinait encore à poursuivre son entreprise, Îl était entré dans une maison pour y écrire quelques ordres : cette même colonne qui pouvait tout à l’heure lui donner une mort certaine, a redoublé de fureur contre lui depuis qu’il s’en est éloigné. Il l'apercoit qui s’élance vers lui; il entend ses cris : Arrête ! arrête! Il se retire avec sa petite troupe; il arrive près d’un canal que bordaït un terrain marécageux; son cheval refuse de le franchir, il le passe à pied. Les bataillons font sur lui et sur les siens un feu continuel. À travers mille dangers il arrive enfin à son camp de Bruille, où les trois baïaillons n’osent le poursuivre. Le duc de Chartres , le colonel Thouvenot, qui l’accompagnaient , parvinrent aussi à s'échapper. Quelques hommes de sa troupe périrent. Son secrétaire fut pris, et bientôt conduit au supplice.

Dumouriez revint trouver les généraux autrichiens , humilié de se trouver pour eux un si faible allié. Il annonçait que tant de malheurs n'avaient encore épuisé ni son courage ni ses ressources. En effet, il se présenta encore pendant quelques jours au milieu de ses soldats; il soutint leur