Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dessus d'elle-même la tyrannie qui doit accabler la France : il faut indiquer ici un autre événement qui ajoutait beaucoup au trouble des esprits : c'était la guerre civile qui se déclarait dans le département de la Vendée.

Ce même Dumouriez, qui prit tant de figures différentes dans la révolution , avait commandé, deux ans auparavant, dans la Vendée ; et là, de concert avec deux commissaires du roi (Gallois et Gensonné) , il avait calmé des troubles religieux qui s’y manifestaient. Mais les mesures de l’assemblée législative et de la convention furent si violentes contre les prêtres, que ceux-ci n’eurent pas de peine à ranimer la fureur des paysans du Bas-Poitou, hommes simples, robustes et courageux. Déjà l'autorité des magistrats rencontrait beaucoup d'obstacles dans ce pays. La noblesse y avait moins généralement suivi que dans les autres pro= vinces le parti de l’émigration , et n’en était que plus animée contre tous les funestes commencemens de la république. Le décret qui ordonnait une levée de trois cent mille hommes hâta dans la Vendée une explosion déjà jugée inévitable, Les jeunes gens, rassemblés dans différens cantons pour tirer au sort, se révoltèrent en criant : P/wt6t mourir ici ! Des garde-chasses, une multitude de contrebandiers, dont ce pays était autrefois rempli, se joignirent à eux, et leur fournirent des armes. Les nobles eurent cet avantage , qu'on alla les chercher dans leurs châteaux pour être chefs d’une révolte qui paraissait formée sans leur concours. Ils ne laissèrent plus se ralentir un mouvement formé par la crainte, échauffé par le fanatisme. Ils s’annoncèrent en héros. En même temps ils calculèrent leur entreprise, non pas suivant l’ardeur de leurs vœux, mais suivant la faveur des localités. Le Bas-Poitou , l’un des pays les plus coupés de gorges, de défilés, de ruisseaux et de marais, offrait une trop favorable assiette à la guerre civile. Cette armée , qui prit le nom d'armée catholique, et qui sé ralliait à ces deux mots, Dieu et le Roï, battit les gardes nationales , qu'on forcait de toutes parts de marcher contre elle. Elle s’empara da cours de la Loire, de manière à fermer les communications de la ville de Nantes, qui resta dans ces contrées l'unique boulevart de la république. Les Vendéens ; toujours repoussés de ce côté, entrèrent dans plusieurs villes ou bourgades , telles que Chollet, Chantonnai, Saumur , Ancenis. Le général Marsey voulut marcher contre eux avec trois mille hommes. Ils l’attirèrent dans un défilé, où le plus grand nombre de ses soldats pétit sans pouvoir se défendre.

Telles étaient les nouvelles que la convention apprenait