Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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en même temps que la défaite et la trahison de Dumourieg, Elle apprenait encore, à peu près à la même époque, les “nouveaux désastres de Saint-Domingue ; l'insurrection du fameux Paoli, qui livrait la Corse aux Anglais; enfin l’invasion d’une partie du Roussillon , exécutée par les Espagnols, avec une ardeur et une vigilance dont on ne les croyait pas capables. Il n’y eut aucun de ces malheurs qui ne fût un motif d’audace et un moyen de succès pour les jacobins.

Ce fut alors qu'ils formèrent le complot d’égorger les girondins et la plupart des députés qui n'avaient pas voté la mort du roi. Ce crime devait être exécuté dans la nuit du 9 au 10 mars; mais tous les jacobins n’en étaient pas complices. Danton , quoiqu'il proposât alors toutes les mesures atroces qui furent les bases du code révolutionnaire, ne voulait pas l’assassinat de ses collégues. D’autres chefs des jacobins étaient indécis, ou bien attendaient le succès du complot pour l’avouer. C'était la commune de Paris qui l'avait concu ; mais il ne réunissait pas encore l’unanimité de ces sanguinaires magistrats. La convention s'était convoquée à une séance du soir, où elle devait s'occuper de la création d’un tribunal révolutionnaire. Les girondins avaient déjà manifesté une vive opposition contre cette horrible pensée. Les conjurés comptaient donc sur leur résistance, et devaient donner le signal à des assassins placés dans les tribunes; mais tous les députés désignés pour la mort recurent l'avis de ne point assister à cette séance. On croit qu'ils le dûrent à quelques-uns de leurs ennemis mêmes, Les conjurés furent immobiles de surprise en voyant déserts les bancs où se placaient ordinairement leurs adversaires. On leur prodigua mille imprécations dans leur absence : Ils tenaient constamment à leur. poste, s’écriait-on du haut de la montagne , quand il s'agissait de sauver Louis Capet ; ils se cachent quand il s’agit de sauver la patrie. Cependant des rassemblemens devaient se répandre dans Paris au milieu de la nuit. Des maisons étaient marquées pour le meurtre. Le ministre de la guerre , Beurnonwille (ceci se passait un mois avant l’événement qui le rendit prisonnier de l'Autriche) avait été averti de ne point coucher chez lui. Il sortit, mais pour se mettre à la tête du bataillon du Finistère. Cette petite troupe, avec laquelle il parcourut les quartiers d’où devaient sortir les rassemblemens , tint les conjurés en respect. La nuit d’ailleurs fut pluvieuse, et l’on voulait être à l’aise dans tout mouve-= ment séditieux.

Le lendemain, Paris retentit du complot avorté. Il fut d’abord annoncé comme la fameuse conspiration des pou-