Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 65

tlres en Angleterre. La convention parut avoir quelque sentiment des dangers qu’elle avait courus. Les jacobins désavouèrent l'intention du massacre , mais non celle de l'insurrection. Quinze jours s'étaient à peine passés, que les girondins eux-mêmes , désespérant d’être vengés, parlèrent de clémence; et, par cette faiblesse, ils laissèrent regarder comme fabuleux un complot qui n'avait été qu’exagéré dans uelques-unes de ses circonstances ou dans sa proximité. Bientôt les girondins sont accablés par toutes les disgrâces et les outrages, avant-coureurs de leur destruction, C’est ici l’époque la plus honorable de leur carrière politique. Ils cherchent à défendre la France , lorsqu’à peine ils peuvent se défendre eux-mêmes. Leur résistance ne peut servir à repousser toutes les lois horribles qui sont proosées, mais quelquefois elle en modifie l’extravagance et: a férocité. Le tribunal révolutionnaire fut créé. La con-= vention décréta la confiscation des biens des condamnés, dans le barbare espoir d’ajouter une nouvelle masse de biens à ceux qu’elle avait déjà saisis au même titre. Les. girondins avaient d’abord obtenu que ce tribunal ne pourrait poursuivre les accusés que d’après un décret d’accnsation prononcé par la convention elle-même; mais, peu de jours après, il fut investi du double pouvoir d’accuser et de juger. Dans cette barbare institution , elle fit entrer le mot de jurés. Ce fut elle qui les nomma. La commune de Paris et la société des jacobins lui présentèrent des hommes avides de remplir ces indignes fonctions. Les juges votaient à haute voix : les jugemens se formaient à la majorité absolue des suffrages. Tant que les girondins conservèrent quelque ombre de puissance , le nouveau tribunal ne remplit que faiblement les intentions de ceux qui l’a-vaient établi; le crime eut ses degrés, Robespierre et Danton firent abolir la contrainte par corps, pour augmenter encore les vils élémens de leur faction des risonniers pour dettes. Ils firent décréter que tous les ee impudemment nommés.par eux sans-culoltes xrecevraient une pique, un fusil ; que les hommés riches payeraient les frais de cet armement, et seraient eux-mêmes désarmés , sous le titre d'hommes suspects. Cambon, digne intendant de finances ordonnées sur de telles bases, proposa , et la convention adopta une vexation inouie que son nom seul peut peindre : un emprunt forcé, un emprunt progressif sur les riches. On yÿ ajouta, par farme de supplément, des taxes révolutionnaires , levées, suivant le caprice des commissaires de la convention, dans chaque département.

2 9.