Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

66 CONVENTION

L'établissement d’un tribunal révolutionnaire permettait

d'exécuter une autre mesure nécessaire aux chefs du parti démagogique : c'était une fixation du prix des denrées, suivant la convenance des pauvres; c'était le vol fait à l'industrie et à la propriété, si connu sous le nom de maximum, La commune de Paris vint, au nom du peuple, le demander à la convention; mais cette fois elle épronvait le besoin d’un refus. Rien ne servait mieux %es projets de vengeance que l'opposition mänifestée par les girondins contre une mesure si populaire. Les jacobins concertèrent de se laisser vaincre sur cet objet. . Marat, dans ses feuilles infames, conseilla au peuplé d'aller piller les magasins dès épiciers , et de pendre quelques-uns d'eux à leurs portes. Dès le lendemäin Marat fut .obéi; mais le pillage amusa tant les brigands, qu'ils ne songèrent point au meurtre. L'aspect de Paris, dans cette journée, montra dans quel avilissément tombe une grande ville qui s’est résignée à obéir à ce qu’elle a de plus impur. Le voisin venait contempler le désastre de son voisin, et, s’il n’était pas épicier, criait contre l’avidité des épiciers : ceux qui gémissaient se cachaient. La distribution des rapines se faisait avec ordre ; et tel qui éût rougi d’un. vol se pressait pour aller profiter d’un bon marché obtenu par la violence et le brigandage.

On avait lieu de croire depuis long-temps que la con+ vention n’était plus susceptible d’un réveil heureux. Ce. pendant elle s’indigna de ce que Marat, dans ses continuelles provocations au meurtre, désignait aux poignaris la majorité de ses membres. Elle eut la force de lancer contre lui un décret d'accusation; mais ellé eut la bizarre inconséquence de l'envoyer devant un tribunal révolutionnaire , composé en grande partie de ses partisans et de ses créatures. Il se cacha, il rentra dans son $outérrain; il déclara en même temps qu’il en sortirait pour paraître devant le tribunal le jour fixé pour son jugement. Sa justification fut un redoublement de fureur contre sès énnemis. Ses juges, après lavoir absous, l’embrassèrent, le couronnèrent ; une foule innombrable le porta en triomphe. La convention ouvrit ses portes à cet obscène cortége, qui vepait la braver. Citoyens, dit l’orateur de cette insolente multitude , nous vous amenons le bräve Marat; Marat ést d'ami du peuple ; le peuple sera toujours pour lui.

Le protégé de Marat, d'Orléans, n'eut pas un destin aussi beuréux…. Lorsque la convention apprit que sôn fils avait partagé les desseins de Dumouriez, elle affecta de croire le père complice du fils. Les jacobins lé rejetèrent