Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ayec ignominie de leur sein. Ils sourirent avec un dédain amer lorsqu'il se présenta à la tribune , et dit, pour toute apologie : Je vois la statue de Brutus. Il fut arrêté; deux de ses fils furent gardés à Marseille. Les Bourbons furent bannis du territoire de la république. La vertueuse épouse du plus coupable des hommes, madame d'Orléans , ne subit pas sur-le-champ cette peine : elle fut gardée dans un château près de Vernon, et depuis emprisonnée.

Les désordres et les décrets que je viens de rapporter n'étaient encore que des essais tentés par la montagne : elle ne dévoilait qu'une partie de ses projets de destruction; elle semblait dire aux gwondins : Nous attendons, pour Îles remplir sans obstacle, votre chute et votre mort. Ainsi qu’au 10 août, la conjuration fut faite à haute voix. Tous les discours prononcés dans la société des jacobins en étaient les manifestes ; ils se répétaient dans la commune de Paris et dans les sections. Une d’elles eut l'audace de se présenter à la barre de la convention pour lui demander la proscription de vingt-cinq de ses membres qu’elle nomma. On frémit ; bn n'osa point sévir. Un jeune député de la Gironde (Boyer-Fonfrède) eut un mouvement généreux , qui depuis lui coûta la vie; il conjura les pétitionnaires d'ajouter son nom aux noms honorables de ceux qu’ils appelaient à l’échafaud.

Parmi les hommes chers à la populace , il existait un monstre qui égalaft Marat en cruauté, et le surpassait en cynisme. C'était Hébert, digne magistrat de la commune. Depuis trois ans il faisait ayec impunité le métier de corrompre et de dépraver le peuple, dans un journal nommé le Père Duchesne. Îl venait de crier aux armes, et ce cri était dirigé contre la conyention. Cette assemblée entendait autour de son enceinte des menaces de mort, poussées par des hommes qui les accomplissaienttoutes. La commune de Paris s'était déclarée en insurrection. Plusieurs sections avaient imité cet exemple : elles restaient assemblées tonte la nuit. Si quelques-unes d’elles désapprouvaient ce mouvement, elles étaient bientôtinvesties par des jacobins armés, et nulle part les amis de l'ordre n’osaient résister à ces furieux. Cependant les girondins paraissaient déterminés à soutenir un combat inégal. Ils commençaient à intéresser pour eux quelques-uns de leurs plus lâches Collégues. Barrère parlait de les protéger. Ils annoncèrent : qu’ils défendraient leur vie jusque dans le sénat, si on yenait les y chercher. Quelques-uns d'eux n’y entraient plus qu’ayee des armes. Les jacobins leur en firent un crime. Assassins, répondit un des députés menacés, vous n'aurez pas ici comme dans les prisons, des victimes sans défense à frapper. Bientôt