Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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plusieurs girondins s’élancent à la tribune; tous viennent ré= véler le même complot, en montrer les signes manifestes, en nommer les auteurs. La majorité de la convention s’est enfin émue; elle se presse autour d’eux. Amis, leur dit-on de toutes parts, nous vous défendrons de nos corps.—Ah! s’écrie un d'eux, défendez-nous d’abord par vos décrets! Les girondins en obtiennent un, où ils croient voir un gage de salut. Une commission de douze membres est créée pour défendre la convention dans ses périls. Elle a le pouvoir de lancer des mandats d’arrêt contre les perturbateurs. C’est à Barrère que les girondins doivent cette mesure. La commission se forme à l'instant, Les noms de ceux qui la composent redoublent la confiance. On distingue parmi eux Rabaud-Saint-Etienne, Mollevaut, ét d’autres hommes de bien, courageux, qui vont augmenter le nombre des proscrits. Ils débutent par un coup de force. Ils Font arrêter l’infame Hébert et un autre provocateur d’insurrection. On vient saisir le premier au milieu de la commune assemblée. Ses collégues et lui sont stupéfaits. Il faut obéir; leur mouvement n’est pas prêt encore. Mais Hébert emporte Mille protestations qu’il sera délivré et vengé. La commune se déclare en permanence, jusqu’à ce qu’on lui ait rendu un membre dont elle s’honore.

Bientôt un cri de fureur retentit de toutes parts ; la société des jacobins , celle des femmes tigresses , qui s'appellent la sotiété fraternelle, le club des cordeliers, les sections où depuis long-temps la sédition se formente, délibèrent jour et nuit. Cependant elles se préparent lentement, et même avec faiblesse, à une vengeance qu’elles jurent à tous les momens; tant il eût été facile, avec de la fermeté , de briser ces machines d’anarchie. Rabaud-Saint-Etienne expose à la convention la mesure que la commission vient de prendre; mais, ajoutes t-il, ce n’est point à ce coup qu’il faut s’arrêter. Le trouble est porté entre les conspirateurs, mais non encore la crainte. La commission veille; tout est sauvé, si la convention lui garde sa confiance, tandis qu’elle brave tout pour répondre à la sienne. La convention applaudit à ce dévouement, mais sans. le partager. Il y a une multitude de séditieux à punir, elle aime mieux les recevoir dans son sein, sous le titre de pétitionnaires. Quel outrage à la pudeur que le discours de ces hommes! ils témoignent leur horreur contre un arrestation illégale, eux qui, pour la plupart, ont arrêté des milliers de citoyens qu’ils ont massacrés ! Ils réclament la liberté de la presse , eux dont les exploits familiers sont de briser des presses de jour aux et de proscrire leurs auteurs ! Ils dénoncent le crime d’ar“rêter un magistrat dans ses fonctions, et la convention les a “entendus, il y a quelques jours, lui demander la tête de ses