Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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de bandeleites ; et vous, plus cruels, vous frappez de coups. honteux, vous outragez la victime , quine fait nul effort pour se dérober au couteau ! L'effet de ces paroles éloquentes fut de réduire pour un moment les bourreaux au silence. Ils entendirent, saps oser l’interrompre, ce même orateur les menacer des suites épouvantables de leur triomphe, de leurs prochaines discordes , de l’horreur attachée à leurs noms, et du plus grand des malheurs, celui d’avoir fait un tel pacte avec le crime, que le crime désormais les retiendrait malgré eux.

I n’avait pas encore cessé de parler, qu’une partie de sa prédiction parut s’accomplir. Un incident s’est élevé, qui décèle des discordes déjà établies entre les différens fauteurs de l'insurrection. On voit entrer dans la salle Lacroix, cet ami, cet aflidé de Danton. Il est rempli de trouble et de fureur; il vient d’être insulté, menacé par les brigands qui assiégent la convention. On n’a point respecté en lui un des habitués les plus célèbres de la montagne. Danton recoit l'injure de son compagnon comme une injure personnelle. Les jacobins s’inquiètent, se divisent. La commune de Paris voudrait-elle asservir la montagne elle-même? Pendant qu'ils doutent, qu’ils examinent , d’autres s’indignent. « Sortons, s’écrie Dan» ton; il faut que la convention ioute entière se présente aux » hommes armés qui l'entourent, et qu’elle s'assure de leurs » dispositions, »

Cette proposition est admise; elle offre un rayon d'espoir aux députés menacés; mais, dès les premiers pas, tout leur fait craindre un nouveau piége. Les cruels montagnards ne les recoivent paint dans leurs rangs, et ne paraissentautour d’eux que l’escorte qui les mène à la mort. Ils ont à supporter les outrages de Marat et le sinistre regard de Robespierre. Hérault-de-Séchelles préside ce cortége. La convention arrive à une issue qui donne sur la place du Carroussel. Henriot, ses aides-de-camp, plusieurs membres de la commune, soutenus . d’un triple rang de baïonnettes et de piques, viennent fermer le passage. Hérault lit d’une voix timide le décret qui vient d'être rendu. Retourne, lui dit le général révolutionnaire, retourne à ton poste. Oses-tu bien donner des ordres au peu-

le insurgé : le peuple veut qu’on lui livre les traîtres ; livre+ , ou retourne. Puis il crie : Canonniers, à vos pièces ! citoyens, aux armes ! Des canons chargés à mitraille sont pointés contre la convention. Plusieurs des députés sont couchés en joue. On fuit. Marat vient embrasser Henriot, et le remercie au nom de la patrie. On entend ce monstre qui crie de tous eôtés : Camarades, point de faiblesse; ne quittez pas votre poste qu’on ne vous les ait livrés. Le cortége conventionnel tente le passage par deux autres issues, et il est encore repoussé