Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 305

Cazalès, le plus véhément de tous uos orateurs, Lally, Mounier, Malouet, plusieurs autres encore d’un nom également recommandable, étaient à l'abri des coups du sanguinaire avocat d'Arras. Chapelier, par un destin fatal, rentra en France dans le moment le plus terrible, fut arrêté, fut immolé. Quelques mois après {la tyrannie était alors dans sa plus atroce violence), Thouret, dont nous avions tant admiré la précision lumineuse, fut conduit à l’échafaud, et l’un de ses compagnons de mort était l’in{ortuné, le fougueux d’Esprémesnil, Les bourreauxcroyaient qu’assembler ainsides hommes constamment opposés d'opinions, c'était livrer leurs derniers momens à l’amertume du reproche. Ah ! puissent toujours, sous un règne de paix, les hommes que la révolution a divisés, et qui ont uni enfin leurs efforts contre le crime, se regarder comme se regardaientles malheureux assemblés par les barbares caprices de Fouquier-Thinville !

Paris était témoin chaque jour de ces supplices. De plus grandes horreurs se passaient dans d’autres parties de la France. Les départemens de l'Ouest en étaient sur-tout le théâtre.

Le comité de salut public avait fait partir en poste la garnison, ou plutôt la petite armée de Mayence, pour l’opposer aux Vendéens, Cette mesure était plus utile que toutes celles qui avaient été prises jusque-là pour l'extinction de cette guerre civile. Le même comité y joignit une mesure atroce

ui devait rendre encore cette guerre plus longué et plus DE Il fit décréter par la convention qu’aussitôt que les armées républicaines pénétreraient dans les repaires des brigands ( c'étaient les termes du décret}, elles y porteraient la flamme. Rossignol exécuta ce décret de manière à couvrir un pays si fertile de ruines etde cendres. Apprenez, dit-il dans une lettre à la commune de Paris, que j'ai brülé tous Les moulins, hormis un seul qui appartenait à un patriote. Les Vendéens étaient pressés par quatre armées, qui formaient plus du quadruple de leurs forces, et qui, même après de nombreuses défaites, se renouyelaient et. se grossissaient toujours. Chaque fois qu’on faisait nn puissant effort contre eux, ils paraissaient y céder. On les croyait dispersés, anéantis, ils reparaissaient tout-à-coup, après avoir réuni leurs forces et leur rage. Ils taillaient en pièces les colonnes républicaines, qui, en fuyant, se consumaient et mouraient dans les lieux dont elles avaient fait des déserts. Une partie de l’armée de Mayence subit, après quelques trompeuses victoires, ce sort faneste. Pour combler sa disgrâce, on lui enleva un chef qu’elle aimait, Aubert-Dubayet. Cependant, loin que les : Vendéens fissent de nouveaux progrès, ils se renfermaient

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