Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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avec une nouvelle circonspection dans la partiela plusdifficile de leur territoire, qu’on nomme Ze Bocage, où ils n'avaient jamais été vaincus. Ils quittaient , ils se laissaient prendre de petites villes qu'ilsavaient presque constammentoccupés, telles que Chollet, Mortagne, Châtillon, Besupréaux et Saint-Florent. Un nouveau général,nommél’Echelle,souslecommandement duquel on avait enfin réuni toutes les armées opposées aux rebelles, avait recu un absurde décret , où la convention parlait comme si elle eût été le destin lui-même. La convention décrète que la guerre de la Véndée sera finie le 20 octobre. Le nouveau général devait donc se dire : Le 20 octobre, ou j'aurai accompli l’oracle de la convention, ou j'irai lui apporter ma téte. Les événemens parurent le seconder au-delà de toute espérance. Ïl battit les rebelles dans plusieurs occasions, légères à la vérité; il pénétra dans leur territoire beaucoup plus avant que n'avaient fait les autres généraux. 11 annonça ses triomphes avec une présomption qui lui était commandée

ar l'intérêt même de sa vie. Barrère, que le comité de salut publie faisait indifféremment l'organe de toutes ses impudences ou de toutes ses férocités, monta à la tribune, et dit: Vous aviez décrété [c'était lui qui avait proposé ce décret ) que la guerre de la Vendée serait terminée le 20 decemois ; €h bien ! elle l’est absolument.

Cés paroles furent proclamées, à Paris et dans toute la France , au moment où l’armée catholique et royale d’un côté conseryait dans la Vendée ses plus fortes positions , son impénétrable noyau; et, de l'autre, passait la Loire , se grossissait de plusieurs milliers d'hommes valeureux et désespérés, inondait plusieurs nouveaux départemens , les mettait en insurrection , ét marquait tous ses pas de victoires et de ravages. Voici ce qui s’etait passé.

Les chefs de l’armée royale n’avaient pu encore se consoler du terrible échec qu’ils avaient éprouvé sous les murs de Nantes. Ils avaient beaucoup fait pour la gloire , et croyaient n'avoir encore rien fait pour le roi. Isolés de la coalition, ils ne pouvaient, sans un port, recevoir que de faibles secours de l'Angleterre. Après tant de succès, ils n’avaient point encore l'existence d’un parti politique: qui pût ébranler et rallier la nation à leur canse, 11 ne faut pas croire que l’intrépidité dans les combats fût leur seul mérite. Plusieurs d’entre eux, et particulièrement d’Elbée, Lescure, Beauchamp, La= roche-Jacquelin, Talmont, eurent , par leur caractère et par leur destinée, beaueoup de rapports avec ce Monrose qui vengea si long-temps, en Ecosse, Charles Ier. Souvent ils montrèrent l'intention d’adoucir les horreurs de la guerre civile : rarement ils donnèrent la mort après le combat. Il y