Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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eut cependant un fait atroce qui se passa quand ils reprirent Machecoul. Trois ou quatre cents soldats républicains, malades ou blessés, furent égorgés dans cette ville. On ne’ sait point encore avec certitude queli fut le chef qui conseilla cette horrible représaille. Les Vendéens faisaient. contribuer sans un excès de rigueur les villes qu'ils occupaient. Leurs proclamations cachaient une politique habile sous des formes chévaleresques.

Ils avaient parmi eux des hommes propres aux négociations, mais dont tout l’art ne put persuader au gouvernement anglais de seconder avec assez dezèle, et même avec assez de bonne-foi, de si utiles auxiliaires. Dans leurs beaux jours, Jeurs faibles ressources en finances furent ménagées avec assez d'ordre. Dans leur détresse , ils eurent recours à une ressource dont le succès, au.moins momentané, atteste l'enthousiasme qu’ils inspiraient à leurs partisans. Les paysans, ceux sur-tout des départemens de l'Ouest, avaient alors défiance et horreur des assignats. Les chefs de la Vendée imaginèrent de faire circuler des billets payables au rétablissement du roi sur le trône, et ces billets furent acceptés. Les prêtres n’étaient pas moins que ces chevaliers le ressort de cette guerre civile. Ils avaient été pour la plupart des pasteurs pauvres et compatissans tout les suivit dans leur malheur. Simples, ils parlaient à des hommes plus simples qu'eux. I y en eut cependant

assez fourbes (si l’on en croit toutes les elations-de ceux qui combattirent dans la Vendée) pour enflammer le courage de ces soldats fanatiques, en leur annonçant que, s'ils étaient tués, ils ressusciteraient au bout de quelques jours: Ces: pré tres avaient un chef de leur ordre, qui, par l’habileté de ses moyens et la vigueur de ses résolutions, figurait avec éclat dans le:conseil de l’armée.

Tels étaient ces hommes nommés par la convention chefs dé brigands. Ce nom con venait-il mieux aux agriculteurs: qui les suivaient , etquirivalisaient avec euxd'intrépidité? Bientôt ils furent forcés de recevoir parmi eux une foule de déserteurs a nos armées avaient reçus elles-mêmes comme déserteurs

es armées étrangères. Cette dangereuse espèce d‘hommes contribua plus que toute autre à perpétuer les: horreurs de la Vendée. Il vint un moment où cette guerre ne fut plus qu'une réciprocité de brigandages ; et ce fut lorsque les:chefs des Vendéens se déterminèrent à passer la Loire.

Ils ne furent point unanimes dans cette résolution audacieuse. L’Angleterre la leur avait inspirée. Maîtres d’un seul port dela Bretagne, ils auraient pu êtresecourus par une flotte qui menaçait ces parages. On leur promettait plusieurs légions d'émigrés; et enfin ce qui était l'objet de leurs vœux les plus