Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALEF, LE

trop un puéril regret de leur première popularité, et ils étaient encore trop portés à faire d’imprudens sacrifices pour la recouvrer. Ils offensèrent, dans deux ou trois occasions, mais sur-tout dans une bien importante, des hommes d’une conscience plus inflexible que la leur; mais ce qu'il y eut de plus funeste pour eux, c’est qu’ils éprouvèrent le comble de la perfidie de la part de quelques nouveaux députés qui avaient recherché avec empressement leur alliance. Barère, soit que sa vanité fût blessée, soit que sa peur fût déjà bien avertie, établit un parti à côté du leur; un de ces partis mixtes , où le vulgaire des assemblées vient toujours chercher sa sûreté à l'approche des grands orages; un de ces partis qui fléchissent sous toutes les menaces, et semblent dicter toutes les lois; qui détruisent le bien à force de modifications, et n’arrêtent le crime que pour donner plus de maturité à ses desseins.

Pour les girondins, c'était une position violente que d’avoir sitôt à se défendre ; ils en connaissaient le danger; ils voulaient prévenir leurs adversaires, et cherchaient vainement à les cffrayer par leurs menaces. La convention les écoutait, les approuvait, et semblait leur dire : Par quels moyens de force pourriez-vous appuyer nos décrets? Et eux, ils disaient à la convention : Ces moyens de force, ce sont vos décrets qui doivent les produire. ; "

Ils n'étaient pourtant pas destitués d'appui; mais les secours. qu’ils attendaient étaient loin d’eux. Paris ne leur offrait aucune ressource ; C’étaient eux qui avaient désorganisé la garde. nationale de cette ville. Les jeunes gens qui avaient veillé à la conservation de leurs foyers Lan des jours orageux, avaient été, pour la plupart, dispersés par le 10 août, et sur iout par le 2 septembre. Ceux qui restaient étaient accablés sous leur humiliation , ou conservaient un long ressentiment. Les girondin$ ne voulaient pas encourir la honte, peut-être inutile, de supplier ceux qu’ils avaient désarmés. Ils concurent un autre projet; c'était celui d’appelerautour de laconventionun corps chargé spécialement de sa garde, et composé de jeunes. gens que les départemens eussent choisis avec l'attention la plus sévère. Les girondins espéraient le porter à huit mille hommes, qui eussent suffi pour contenir la populace de Paris, ou pour éloigner la convention de cette ville. On ne pouvait guère ‘espérer que ces nouveaux soldats leur restassent longtemps fidèles; maïs enfin ils assuraient pour quelque temps. leur existence ; et la plus longue prévoyance, durant la révolution, ne s’étendait guère qu’à quelques mois.

Buzot avait proposé ce projet à l'assemblée : elle l’accueillit d’abord avec faveur, mais sans enthousiasme; il n’était pas tout-à-fait conforme aux principes populaires qui a