Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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12 CONVENTION

régné jusqu'à ce jour. Elle le discuta lentement; les jacobins l'aitaquèrent.— « Paris est aujourd’hui tranquille, disait Ro» bespierre.—Le sang versé au 2 septembre fume encore, » répondait Vergniaud.— Tout respecte l'autorité de la con» vention.— Vous, vous la dénoncez chaque jour dans vos » séditieuses assemblées, dans vos feuilles sanguinaires. — Le » peuple de Paris est calomnié par un tel décret. —Il gémit » comme nous sous les assassins qui l’oppriment.— Vous vou» lez créer une tyrannie.— Nous voulons nous soustraire à la » vôtre. — Vous établissez une garde prétorienne.— Mais » vous, vous commandez à une horde de brigands. — Vous » prenez les moyens de Sylla.— Vous, vous avez les desseins » de Gromwel: — La convention est gardée par l'amour du » peuple.—La commune de Paris est entre elle et le peuple. »

Comment l'assemblée refusa-t-elle une chance de salut qui lui était proposée ? On n’en peut trouver qu’une seule cause : les dangers étaient pressans ; plusieurs comptaient y échapper par la nullité qu’ils tenaient de la nature, ou que leur politi que affectait. Ceux-ci proclamèrent qu’ils n’avaient pas peur; et la peur des tribunes, des groupes etdes faubourgs les porta à De rien opposer à une tyrannie qui, suivant leurs calculs, devait choisir de plus illustres victimes.

Les girondins ne perdirent jamais l’espoir de forcer la convention à s’environner d’une garde départementale : « Elle » refuse de l'appeler, se dirent-ils, et pourtant elle la désire. » Eh bien! il faut la créer, l'appeler sans retard. La conven» tion saüra peut-être supporter ses défenseurs comme elle » supporte ses tyrans. » Ils cherchèrent donc autour d’eux ce qui pourrait remplacer cette garde, ou en offrir le premier modèle. /

Deux bataillons qui avaié vaillamment concouru à la journée du 10 août étaient res Paris : c’étaient les marseillais et les fédérés du Finistèré : deux corps différaient essentiellement dans leurs mœurs et dans leurs intentions : les premiers ne respiraient que la licence et le brigandage ; Marseille, en les envoyant faire une révolution à Paris, avait cru s'assurer à elle-même la paix. Les seconds tenaient davantage à l’ordre par leur fortune et par leurs principes. Les girondins crurept avoir conquis les uns et les autres. Jamais soldats vainqueurs n'avaient été plus honorés que les marseillais, Plusieurs d’entre eux avaient assisté aux massacres du 2 septembre ; d’autres n’y avaient eu aucune part; on voulnt leur persuader qu'ils en avaient horreur. Les girondins leur prodiguèrent argent et les caresses.

.Bärbaroux, qui venait d’entrer à la convention, était le plus aimé, comme il avait été le plus intrépide de leurs chefs. Jeune,