Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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de s’entendre attaquer indfectement , porta un défi à ses acCusateurs. « C’est moi, Robespierre, qui vais dévoiler tous tes » crimes », s’écrie une voix, Robespierre regarde, etsourit en Voyant que l’accusateurest Louvet. C’étaitun homme quis’était fait connaître d’abord par une production frivole , où beau coup d'esprit et d'imagination se mélait à la licence de quelques tableaux. Depuis, il avait fait des affiches contre la cour : il en faisait aujourd’hui contre les Jacobins. Il avait de l’ardeur et de la sincérité dans le caractère, avec un extrême penchant à la défiance; mais aujourd'hui l’objet de ses soupcons était Robespierre. Son attaque fut éloquente, impétueuse; il fit parler contre Robespierre l'humanité ; que celui-ci outrageait Sans cesse. —[l fit réjaillir sur lui tout je Sang versé au 2 septembre; il retraca avec chaleur sa conduite despotique à Ja commune de Paris, à l'assemblée électorale ; les outrages et les menaces qu’il avait faits à l'assemblée législative expirante. Voici de quelle manière Louvet termina son discours :

« Robespierre, je t’accuse d’avoir long-temps calomnié les » plus purs patriotes; je en accuse, car je pense que l’hon» neur d’un citoyen, et sur-tout d’un représentant du peuple, » ne t’appartient pas ; je l’accuse d’avoir calomnié les mêmes

hommes dans les affreuses journées de la première semaine » de septembre, c’est-à-dire dans un temps où tes calomnies » étaient de véritables proscriptions; je t'accuse d’avoir, autant » qu'ilétaiten toi, méconnu, avili » persécuté les représentans » de la nation, et fait méconnaître et avilir leur autorité; je » accuse de t'être continuellement produit comme un objet » d’idolâtrie, d’avoir souffert que , devant toi, on te désignât * comme le seul homme vertueux en France ; €t qui püt sauver » le peuple, et de l'avoir fait entendre toi-même; je t’accuse » d’avoir tyrannisé, par tous les moyens d’intrigue et d’effroi a > l'assemblée électorale du département de Paris; je accuse » enfin d’avoir évidemment marché au suprême pouvoir. »

Le discours de Louvet avait produit la plus vive impression sur les esprits : divers députés s'étaient levés pour confirmer plusieurs des faits qu’il avait avancés, Les tribunes étaient interdites, et n’osaient soutenir leur idole : peut-être quelques jacobins jaloux n’étaient-ils pas chés de voir accabler l’homme dontils craignaient tout pour eux-mêmes. Si les girondins eus sent alors violé contre Robespierre le droit des accusés , avec autant de fureur qu'ils le firent contre le malheureux Delessart, point de doute qu’ils n’eussent obtenu > du prémier transport de la convention, ou le décret d'accusation , ou celui du bannissement; mais il demanda à se justifier. Ils trouvèrent juste de l'entendre. Soit que cette vive attaqueeüt troubléses esprits, soit qu'il voulût laisser sç refroidir la fureur qui était allumée

2; à.