Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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x de nous occuper d’hommes qui ne tiendront aucune place » dans l’histoire ; n’élevons pas des pygmées sur des piédes» taux. Les couronnes civiques de Robespierre sont mélées de » Cyprès. » J

Il est difficile de concevoir dans quel excès de dégradation Barère, né avec des penchans honnêtes, se plongea pour se faire pardonner ces expressions injurieuses, Robespierre parut indigné d’une telle apologie, et s’écria : « Je ne veux point de » votre absolution, si elle m’est outrageante ». On chercha à Vappaiser par de nouveaux sacrifices; et l’accusation contre Robespierre fut éloignée pendant tout cet horrible espace de temps qu’on eut à traverser jusqu’au g thermidor.

Malgré le mauvais succès de ces attaques, les girondins en tentèrent encore une nouvelle contre d'Orléans, qui se faisait appeler maintenant le citoyen Egalité : c'était à leurs yeux un coup de parti décisif, que de faire bannir ce chef désigné d’une nouvelle dynastie. Ilscroyaient ou ils affectaient de croire que les jacobins n’agissaient que pour ses intérêts, n’avaient de puissance que par ses trésors. Honteux de partager le titre de répnblicains avec des hommes exécrables, ils appelaient les jacobins des royalistes ; mot qui n’ajoutait rien à l'horreur qu'ilsdevaientinspirer, ou plutôt qui l’affaiblissait: car qu'est-ce qu'un crime d'opinion si gratuitementsupposé, auprès detant de forfaits si bien attestés ? Louvet, vaincu par Robespierre, comme nous venons de le voir, avait cru se venger.en l'appelant un royaliste. |

Les girondins se flattèrent d’emporter par surprise le décret qui exilerait d'Orléans. Ce fut le plus flegmatique de leurs orateurs, Buzot, qui le proposa d’une manière adroite et inopinée. Il ne se permit, contre le plus abject des princes , aucune invective; il se contenta de retracer les alarmes que celui-ci donnait à la liberté, et par sa naissance, et par ses liaisons suspectes. «Imitons, dit-il, les Romains, quieurentlasalutaire » ingratitude d’éloigner Collatin, parce que le sang le liait au » roi qu'il avait contribué à expulser ». L'autorité d’un tel exemple entraîna l'assemblée; les jacobins n’élevèrent que faiblement ia voix en faveur de leur complice. Le décret fut rendu $ et révoqué deux jours après.

Les jacobins eurent pitié de d'Orléans; ils voulurent bien l’entourer de quelque reste de popularité. Robespierre aussi le défendit, mais comme un prisonnier qu’il disputait aux gi rondins. Au milieu de cette discussion , une voix demande, du haut de la montagne, le bannissement de Roland; de l’autre côté, on demandait celui de Pache. Barère applaudit à ces deux propositions, et d'Orléans resta dans l’assemblée. La destinée voulut que sa vie fût encore marquée par une infamie qui sur-