Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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entreprendre l'invasion, qu'aucun général n’osa la faire espé. rer. L'ambition du conseil exécutif se porta vers une autre con. quête moins inportante, et que les circonstances rendaient fort dangereuse, c'était celle de Genève. Les griefs qu'on avait contre cette petite république, étaient ceux qu'une grande puissance a toujours contre un état voisin qui, dans une enceinte très-bornée, renferme quelques richesses, Mais attaquer Genève, c'était attaquer la Suisse , C'était ajouter un ennemi belliqueux à tant d’autres ennemis.

La Suisse ne s'était pas vengée de la journée du 10 août; cet Événement avait répandu dans les Treize-Cantons beaucoup de deuil, etexcité , seulement dans quelques-uns ,de la fureur. Le cri aux armes s'était fait entendre du haut des montagnes; mais les Suisses avaient subordonné leur existence à celle de la France depuis plusieurs sièeles. La révolution elle-même leur avait offert quelques trompeurs avantages; ils réprimèrent ce premier transport de vengeance : on devait penser qu’il renaîtrait avec plus de force, s’ils étaient attaqués dans leur ligue, ct Genève en faisait partie. Le général Monstesquiou voyait avec la plus grande douleur l'expédition à laquelle on le forcait de marcher. Loin d’abuser de la force qui élaitentre ses mains, il fit tout pour en ralentir l'effet : il entra en négociation avec les Genevois; il fit valoir leur soumission au gouvernement français. Tous les ministres n’étaient pas également animés à la perte de Genève. Le général éluda les ordres sévères des uns : ettranquillisa les autres. En prenant tout sur lui, il sauva , par un traité, à Genève et à sa patrie, une guerre funeste ; Mais ilattira sur sa tête de nouveaux ressentimens. De ses derniers protecteurs ilse fit des ennemis acharnés, La convention lanca contre lui un nouveau décret d'accusation. Il sut le prévenir : il entra déguisé dans cette même ville qu'il venait de sauver d'une ruine totale. Ceux à qui il confiait son salut écoutèrent la voix de la reconnaissance ; et déjà il était hors de toute atteinte, lorsque les magistrats de Genève firent, avec une apparente rigueur, de vives perquisitions pour trouver le général proscrit. Î

Les succès remportés par l’armée du Midi n’étaient que d’une faible importance auprès de ceux que Custine obtenait en Allemangne. Dès que le roi de Prusse eut fait connaître le point par où il devaiteffectuer son invasion , les généraux Lafayette etLuckner avaient songé à faire opérer une diversion par l’armée du Rhin. Dumouriez embrassa vivement ce projet. Tous les événeMens avaient contribué à en rendre l'exécution facile : le roi de Prusse s'était ouvert un passage étroit dans l’intérieur de la France; il était hors d'état de surveiller, des plaines de Sainte.