Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. Fo)

Ménéhould, ce qui pouvait se passer sur le Rhin. Il n'avait laissé, pour couvrir le Palatinat, que quelques végimens de Hessois. Custine, avec quinze mille hommes détachés de l’armée du Rhin, les mit en déroute , entra dans Spire, dont l'évêque avait eu la vanité de vouloir figurer un des premiers parmi les ennemis de la France, Bientôt Worms, Oppenheim ouvrirent leurs portes. C’est ainsi que les Francais rentrèrent dans ce Palatinat, où, dans le siècle dernier, le cruel Louvois leur ftexercer tant d’horreurs. Les Hessois, dispersés, précipitaient leurfuite.Laligue germanique était prévenue dans tous ses préparatifs, comme elle le futtoujours. Custine continua de s’avancer. Le 19 octobre, il était déjà sous les murs de Mayence. Cette place était mal approvisionnée ; elle fut interdite d’une apparition si brusque ; elle se rendit à la première sommation. Custine comprit la force et l'importance de cette dernière conquête. Il avait un point d'appui pour toutes ses excursions ; rnais rien ne lui prescrivait d’en arrêter le cours. Une ville opulente s’offrait à lui sans défense, c'était Francfort; il y entra. Ce fut le terme de cette course brillante, qui accabla Custine d’une renommée qu'il lui était difficile de soutenir. C'était un homme qui se croyait opiniâtre, et qu’on amenait aisément à des contradictions avec lui-même; sa vie en était un tissu. Il réunissait l'enthousiasme des réformes philosophiques à des sentimens religieux, qui étaient, en quelque sorte, le secret dé son ame, et qu'il ne laissa librement exhaler qu’à sa mort. Membre de l'assemblée constituante, il ne s’y était fait remarquer que par la singularité , assez raisonnable, de siéger d’un côté, et de voter souvent avec le parti opposé. Il fut fidèle à la royauté tant qu'elle exista ; il le fut à la république dès qu’elle fut proclamée. Les combinaisons qui embarrassaient l’esprit de Dumouriez sur le rôle politique qu’il avait à tenir, parurent ne point s'offrir à l'esprit moins inquiet de Custine : il voulut être, avec franchise et dévouement, le général d’une république révolutionnaire. Il répandit dans l'AIlemagne un double effroi , par la fortune de ses armes et par les principes qu’il propageait. Ilappelaitles peuples à la liberté, lorsqu'elle avait perdu chez nous tout le prestige de l’espérance ; en même temps il levait d'assez fortes contributions ; mais, pour ne pas démentir cuvertement ses promesses et l’idée qu’il voulait donnet de la magnanimité française , il affectait de n’imposer que le clergé et la noblesse. 11 menaçait de toute sa colère les magistrats, s’il apprenait qu’un seul plébéien eût rien payé. On disait alors : Guerre aux châteaux ! paix aux chaumières ! Custine fut cependant loin d’autoriser la licence des soldats; en ce point seulement, il osa braver les maximes révolutionnaires : il fit plusieurs actes de sévérité ; il se créait