Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ainsi des crimes aux yeux de ceux qu'il servait : le malheur lui en préparait d’autres.

Il fut le premier, et presque le seul des généraux francais qui se permit de parler des princes ennemis avec les plus violentes invectives. Il existe de lui une proclamation contre le landgrave de Hesse , dans laquelle il lui dit : « Monstre ,sur la » tête duquel se sont rassemblés depuis iong-temps, comme » une mer orageuse, la malédiction allemande , les larmes » des veuves et les cris des orphelins, tes soldats , long-temps » abusés, vont te livrer à la juste vengeance des Français! Ta » ne leur échapperas point par la fuite : quel peuple accorde» rait un asile à un tigre tel que toi?»

Quelque éclatant que parût le rôle de Custine, Damouriez l'effaçait. El était bien plus habile que le premier à s'approprier les faveurs de la fortune. Il venait de sauver l'indépendance du peuple français dans une campagne de trois mois. C'était Kellermann, il est vrai, qui avait combattu et vaincu ; mais t'était Dumouriez qui, aidé des plus heureuses circonstances, avait réduit le roi de Prusse à ce que le mauvais succès d’une canonnade le mît dans une position désespérée. Il est vrai que la manière dont il l'avait respecté dans sa retraite, semblait prêter aux soupcons de quelque intelligence avec lui; mais de tels ménagemens pouvaient tenir à la politique du négociateur.

Verdun, Longwiavaient été rendus sans résistance aux armées françaises. Ces capitulations honteuses, signées par les généraux prussiens, formaient un étrange contraste avec.le manifeste du duc de Brunswick. Le siége de Thionville était levé; c'était encore à un ex-constituant, le général Félix Wimpfen, qu’on devait la défense de cette ville. Les émigrés v essuyèrent des pertes et des affronts. Le roi de Prusse avait cri que, pour ce siége, il n’était point nécessaire de leur procurer de l'artillerie. x"

Lille venait d’être attaquée par les Autrichiens, non pas avec des moyens plus sûrs, mais avec plus de barbarie. Voici ce qui leur avait inspiré la confiance de se présenter devant une telle place.

Dumouriezavaiteulasalutaireaudace delivrer les forteresses de la Flandre à leurs propres ressources; les travaux de Vauban restaient leur unique défense. Lafayette, auparavant, avait eu la même idée, il avait ordonné à Dumouriez, alors sous ses ordres, de lever le camp de Maulde. Dumouriez voulait le perdre: il désobéit. Quand il n’eut plus de rival à craindre, ilcéda à la nécessité ; et de là cette marche rapide, hardié, qui le fit arriver aux défilés d’Argone avant le duc de BrunsWick : mais trois ou quatre mille hommes laissés dans la Flandre ne pouvaient plus se mesurer avec l'armée autrichienne.