Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 25

Toutes les rencontres étaient pour eux des déroutes, Le duc de Saxe-Teschen pénétrait à travers cette frontière hérissée de citadelles, dévastait impunément les villages et les bourgades; mais il tentait inutilement la foi des commandans des places. Il apprit avec quel succès le roi de Prusse avait jeté des bombes dans Longwi, dans Verdun; iUseflatta qu’elles produiraient le même effet sur Lille.

Lille fut investie, aussi bien qu’elle pouvait l’être, par une armée de dix-huit à vingt nes Les sommations dw duc de Saxe-Teschen furent celles d’un libérateur qui se présente : on lui répondit par des refus ; il répliqua par des bombes.Les Autrichienscontinuèrent, pendaniplus devingtjours, avec une barbare tranquillité, l'emploi de ce moyen, que l’art militaire dédaigne quand il ne produit pas un premier effet d’épouvante. Les habitans n’avaient pas asses de troupes pou contenir leurs dispositions, si elles eussent été favorables aux Autrichiens. L'indignation accrut leur courage; le long incendie dontils furenttémoins et victimes neputleur arracher un seul mot de soumission pour des ennemis si cruels. L’archiduchesse Christine, gouvernante des Pays-Bas, se trouva à ce siége : on a prétendu qu’elledirigeait elle-même les apprêts de ce bombardement, et qu'un tel spectacle ne lui inspirait que des plaisanteries. Les noms de tigresse ,defurie, lui furent prodigués, et la haîne populaire les adressait en même temps à sa malheureuse sœur , à la reine captive. Enfin les Autrichiens se lassèrentde tant d’inutiles efforts ; la retraite du roi de Prusse les contraignit à se retrancher dans une défensive périlleuse,

Tels étaient les succès d’une campagne ouverte sous de tristes présages, quand Dumouriez revintà Paris. À peine avait-il annoncé les premiers pas rétrogrades du roi de Prusse, qu'il avait déclaré qu'avant deux mois il serait à Bruxelles. La conquête de la Belgique avait toujours été sa première ambition 3 il venait en presser les préparatifs; en même-temps, il était curieux d'observer de quel œil le peuple reverrait celui que tout lui annonçait comme son libérateur : mais le soupçon et la crainte avaient déjà tari toutes les sources de la joie publi que. Les trophées remportés sur les ennemis du dehors étaient moins près des esprits que les images du 2 septembre. La convention parutse complaire à accabler le général vietorieux du fardeau de l'égalité; à peine fut-il distingué de l'un de ses soldats. Le peuple ne montra nul empressement à le voir; seulement à l'Opéra on essaya d’imiter, à son aspect, les acclamations qu’on prodiguait jadis aux généraux. Get enthousiasme eut même l'air pénible, et ne servit qu’à irriter les jacobins. : ; |

Quelque empressés qu'ils fussent d'imiterl’ingratitude des rés

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