Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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dans l’art militaire, plus fécond en stratagèmes, et plus porté aux partis audacieux. Il ne put vaincre la timidité du duc de Saxe-Teschen. Celui-ci ne s’occupa qu’à se fortifier à Jemmapes, pour protéger la ville de Mons. Dumouriez se résolut à l'y attaquer avant l'arrivée du général Clairfait, qui s’avançait à marches forcées; mais auparavant il fallait chasser les Autrichiens des postes qu’ils occupaient en avant de Jemmapes, et sur-tout d’un bois dont la lisière s’étendait depuis Sar jusqu'à Bossu. En outre, Dumouriez avait à opérer sa jonction avec le général d’Harville, qui venait à lui avec six mille hommes. Il s’occupa de ces deux objets. Pour remplir le premier, il engagea quelques actions particulières, qui se passèrent le 3, le 4 et le 5 de novembre. Il y fit neuf cents prisonniers et y perdit environ cinq cents hommes.

Ce fut pendant ces petits combats que le général Beaulieu, alarmé de voir les Francais prendre l'offensive avec toute l’ardeur de leur caractère, proposa, dit-on , au duc de Saxe-Teschen de les attaquer dans la nuit; il pensait qu’une affaire dans les ténèbres ôterait aux Français ce qu’ils avaient de plus redoutable, leur artillerie. Les Autrichiens ont souvent regretté que ce conseil n’ait pas été suivi; mais on sait que, depuis, le général Beaulieu tenta en Italie { c'était contre Bonaparte} une pareille surprise, et qu’il eut lieu de s’en repentir.

J'ai déjà dit que les Autrichiens, retranchés sur les hauteurs de Jemmapes, attendaient, dans une position qu’ils croyaient inexpugnable, l’arrivée d’un puissant renfort sous les ordres du général Clairfait. Leur armée était forte de vingt à vingtdeux mille hommes; sa droite, appuyée au village de Jemmapes, formait une équerre avec son front et sa gauche, qui était appuyée à la gauche de Valenciennes; elle était placée sur une montagne boisée , où s’élevaient en amphithéâtre trois étages de redoutes garnies de plus de cent bouches à feu.

Les Français pouvaient bien opposer un feu égal, mais dans une position beaucoup plus défavorable. Dumouriez estime leur nombre de trente à trente-deux mille hommes.

À sept heures du matin, la canonnade la plus vives’engagea , et dura jusqu’à dix. Elle ne remplit les vues de Dumouriez qu’en ce qu’elle fit sentir aux soldats la nécessité d'attaquer les ennemis avec la baïonnette. Il feignit d’hésiter à en donner l'ordre; il se borna à faire avancer les batteries de plus près. En même temps il fit attaquer le village de Quareignon, qui protégeait Jemmapes d’un côté. Ce poste fui emporté. À midi, tout était disposé pour une attaque générale; elle fut confiée principalement au général Bournonville, que Damouriez appelait Ajax francais, et au fils aîné du duc d'Orléans. L’ardeur des soldats était extrême; pas une tête de colonne ne resta en