Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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arrière. Le premier étage des redoutes est d’abord emporté avec la plus grande activité ; mais bientôt les obstacles se multiplient. Le centre court du danger; là cavalerie ennemie s'apprête à entrer dans la plaine pour charger les colonnes françaises par le flanc. Le jeune d'Orléans parvient à rallier les colonnes, et les mène au second étage des redoutes. Son attaque est favorisée par le 3e régiment de chasseurs et le 6e de hussards, qui arrivèrent à temps pour charger la cavalerie ennemie et latenir en respect. Au même instant, Dumouriez se porte à la droite, où il trouve qu'après un plein succès de la part de Bournonville, dans l'attaque des redoutes,qu'ilavait tournées etemportées, un peu de désordré s’était mis dans sa cavalerie , tandis qu’il était occupé à la tête de son infanierie. Dumouriez la rallie, et charge, avec la plus grande vigueur, la cavalerie ennemie, qui gagnait déjà son flanc droit. Dans l'intervalle de ce combat de la droite , la gauche avait emporté Jemmapes, le centre avait emporté les secondes redoutes. II faut donner un second combat sur la hauteur; mais ce dernier est moins vif et moins long. Les Autrichiens se retirent en désordre, et traversent à la hâte la ville de Mons. Cependant leur retraite se fit sans confusion, et ils ne perdirent que peu de pièces d'artillerie,

La conquête de la Belgique fut le prix de la victoire de Jemmapes. On ne sait pas avec précision à quel degré elle fut sanglante. Dumouriez, dont nous venons de suivre la relation, porte la perte des Autrichiens à quatre mille hommes et celle des Français seulement à neuf cents hommes tués ou blessés. Une telle proportion est évidemment impossible, puisque les Français attaquaient avec tant de désavantage.

L'armée autrichienne ne putreprendre de la confiance, même après l’arrivée trop tardive des douze ou quinze mille hommes amenés par Clairfait ; dans sa fuite, elle était accompagnée des malédictions du peuple. C'était cette même armée qui avait réprimé la sédition monacale du Brabant. Les prêtres flamands auraient bien désiré d’autres libérateurs que les Françaïs; mais la crainte leur dicta les bons offices du zèle : ils reçurent notre armée au son des cloches, et chantèrent des Te Deum.

La convention apprit avec ivresse la victoire de Jemmapes. Ce qui la frappa le plus dans la possession de la Belgique, ce fut la nouvelle ressource que les biens du clergé de ce pays allaient offrir aux finances. Elle dévorait en idée ces biens, dont la vente offrait tant de difficultés. Ler5 décembre , elle rendit un décret qui rendait les provinces belgiques départemers français, Ce fut un coup de foudre pour Dumouriez.

Il protégeait les Belges ; son esprit était assez éclairé, son caractère assez ennemi de la violence, pour se soumettre aux