Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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principes de modération qui assurent les conquêtes. Peut-être aussi, comme on l'a supposé, son ambition personnelle garantissait-elle sa sagesse. Tout lui interdisait Pespoir de dominer dans sa patrie; il pouvait à peine se flatter d'y trouver de la sûreté à son retour. Il eût été doux pour lui d'exercer une sorte de protectorat parmi les Belges, dussent-ils rester soumis à l'influence théocratique. Le décret du 15 décembre lui ôtait h-la-fois cette domination et cette retraite. Son dépit éclata; il commença à parler avec mépris de la convention nationale. Il fit craindre la colère d’un général victorieux : on le brava; on netarda pas à lui apprendre que rien n'était à lui,nisaconquête, ni son armée.

Toutce qu’il y avait à Paris d'hommes cupidesetdéprédateurs fondit sur la Belgique. Leur mission était de séquestrer, de révolutionner ; ils l'avaient recue, soit de la convention, soit de la commune de Paris, soit du ministre de la guerre, soit de la société des jacobins. Le peuple belge fut investi par autant de commissaires que de soldats , et il craignait plus les premiers. A leur tête étaient Danton et Lacroix, à qui tout cédait en puissance et en avidité. On leur avait donné pour collégue un homme de l'intégrité la plus recommandable (Gamus }, qui vit et condamna leurs désordres sans pouvoir les réprimer. Un peuple industrieux et religieux, qui, depuis cinq ans , s'était révolté pour venger des moines, vit dépouiller ses églises des riches ornemens qui les décoraient. Ces lâches trophées étaient portés en triomphe; les déprédations allèrent si loin, que les greniers de ces provinces agricoles furent vidés en un instant, et que la crainte de la disette atteignit les vainqueurs de Jemmapes jusqu’au sein de la Belgique. Dumouriez était assailli de plaintes, auxquelles il ne pouvait satisfaire; son autorité était avilie, ses promesses n'étaient plus qu’une consolation dérisoire.

Tant de désordres l'avaient empêché de suivre ses opérations militaires aussi vivement qu’il les avait commencées,. Après deux mois de la plus pénible retraite, les Autrichiens avaient enfin trouvé un point d'appui. Le général Clairfait les commandait alors : il avait été forcé de céder toute la ligne de la Meuse; mais on ne put le repousser jusqu’au Rhin. La rivière de la Rhoër fut nne-barrière suffisante pour arrêter les Français fatigués de leurs courses, et qui négligeaient les soins des combats pour discuter les lois de la patrie. Cependant la résistance savante et opiniâtre du général Clairfait, et sur-tout la conduite imprudente des Francais, apprenaient à l'Autriche que rien n’était encore désespéré pour elle. Elle formait , suivant son usage, d'immenses préparatifs pour une seconde CHÉPASHES après avoir été ayare de ses moyens dans la première ,