Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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Mais jusqu'à quel point Kant a-t-il eu une influence sur ses idées politiques ? Il est fort probable que, comme étudiant de vingt ans à peine, Gent accepta le kantisme en bloc, ou du moins ce qu'il en put saisir, car la philosophie abstraite semble n'avoir jamais été son fort. De toute la Critique de la Raison pure spéculative, qui parut deux ans avant larrivée de Gentz à Künigsberg, nous ne trouvons qu’une seule trace dans les œuvres de l’ancien élève de Kant. Il s’agit d’une note dans son premier article de la Berlinische Monatsschrift sur l’origine et les principes supérieurs du droit. Gentz, à propos de l’idée de liberté, montre qu'il connaît la théorie kantienne d’après laquelle la liberté n’est qu'un concept négatif'. Il a dû très vite se désintéresser de telles spéculations, auxquelles nous ne voyons pas la moindre allusion dans ses lettres et dans ses autres ouvrages, et qui au fond lui restèrent toujours étrangères. Cest un soin qu’il laissait * à d’autres; il se contenta de s’approprier leurs résultats, dont il fit la base de ses idées politiques.

Cependant, il y avait dans l’œuvre de Kant deux parties susceptibles d'agir plus directement sur l’évolution postérieure de Gentz : la philosophie du droit et la philosophie de l’histoire.

I. Berlinische Monatsschrift, 1791. T. Band, avril, note de la D. 477.