Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques

— 19 —

Dillon, par les généraux Jourdan, Hoche, Pichegru et Moreau. En même temps, la loi des suspects, issue des nécessités effrayantes de la situation, était portée pour permettre de s'assurer des ennemis secrets.

Nous devons arrêter ici ce rapide exposé : quelque pâle et succinct qu'il soit, il doit suffire à expliquer de quelles passions pouvaient être animés les hommes qui respiraient une telle atmosphère. Quelles excitations recevaient-ils d’un semblable milieu ? A quels moyens extrêmes ne fallait-il pas recourir pour la défense de la Révolution ? Songe-t-on aux vengeances qu'eussent exercées ces émigrés qui poussaient en l’avant l'ennemi, et en guidaient lamarche ? ces prêtres réfractaires, dont les paroles mensongères et fanatiques portaient le trouble dans les consciences obscures de populations ignorantes et superstitieuses ? Ces nobles qui, restés en France, continuaient à regretter leurs privilèges, et appelaient de tous leurs vœux et de tous leurs efforts, une restauration de la monarchie ? Pour en avoir une idée, il faut compulser les documents de l’époque, les manifestes, les journaux du parti royaliste, il faut étudier les suites de la journée du 9 thermidor, et celles de la défaite du parti démocratique au 1° prairial an II, la réaclion terrible qui en fut la conséquence dans le Midi, où des bandes de brigands royalistes, organisées sous les noms de Compagnies de Jésus, et de Compagnies du Soleil, ensanglantèrent cette malheureuse région par des massacres en masse, où s’exercèrent, sous le couvert de représailles politiques,