À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

À LA RECHERCHE DE LA FORTUNE DU DUC D'ORLÉANS 17

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Extrait d'une lettre de d'Ivernois du 8 janvier 1794

Les nouveaux renseignements que je viens, mon cher ami, de me procurer par une voie bien respectable et bien sûre m'ont convaincu que votre jeune ami ne peut rien recueillir avant sa majorité que par le cours des lois, et que la lenteur de leurs formalités est telle qu’il serait. parvenu en âge longtemps avant d’avoir parcouru la moitié du cercle des procédés indispensables pour y suppléer. Le temps nécessaire pour dresser et recevoir une procure en due forme, pour être admis à l’exhiber et à requérir la nomination d’un administrateur soit exécuteur (nomination qui serait arrêtée préalablement : 1° par les informations qu’il faudrait prendre et donner sur l'existence ou la non-existence d’un testament qui pourrait avoir déjà établi cet exécuteur; 2° par les renseignements qu'on exigerait sur le concours de la volonté des frères et sœurs qui auront droit à partager cette espèce de succession qui repose sur un personal Estate), les formalités à suivre et à remplir pour choisir cet exécuteur et pour obtenir sa nomination par le tribunal compétent — tout cela, dis-je, dans un pays où le cours réglé de la justice civile est très lent, consommerait fort au delà des huit mois qui manquent à votre jeune ami. Mais si, en fin de compte, il était possible avec des frais très dispendieux de brusquer cette nomination d’un exécuteur, et que celui-ci pût réussir à recueillir des sommes même considérables, votre jeune ami n’en serait pas plus avancé, et jamais il ne serait permis à l’exécuteur de lui délivrer à la veille de sa majorité une particule de ce qu’il serait prêt à recevoir en total. À peine, m’a-t-on dit, se dessaisirail-on de quelque chose en faveur d’un enfant de onze

1. Ce fragment de lettre a été joint au dossier par d'Ivernois lui-même, —0.K.