À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

18 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

à douze ans, encore ne serait-ce que pour une simple pension alimentaire. Vous entrevoyez déjà clairement qu'aucune de ces difficultés ne peut être levée que le jour de la majorité, qu'il faut être tout prêt à agir dès le lendemain, et que jusqu’à cette époque il faut se borner à prendre des éclaircissements qui ne donneront pas la prise de possession, mais qui pourront la préparer.

Ces renseignements, pour éviter un éclat, qui donnerait peut-être le temps de concerter un système défensif, ne sauraient être pris avec trop de ménagement et de secret. Peut-être même conviendrait-il d'examiner s'ils ne devraient pas être renvoyés au lendemain de la majorité, plutôt que de tenter d'avance des démarches plus ou moins ouvertes ou secrètes, el par (rs même plus ou moins dangereuses.

Dans cet état des choses, où toute intervention prématurée serait inefficace, vous me permettrez sans doute, mon cher ami, de revenir aux considérations personnelles que je vous présentai au premier abord à notre entrevue. Rappelez-vous ce que j’eus l'honneur de vous dire du tort que me causerait dans ce pays-ci toute immixtion dans une affaire qui me ferait peut-être supposer quelque liaison avec le père, sur lequel je ne vous ai point exagéré l'opinion universelle ; ou qui, du moins, prouverait une liaison existant avec des anciens Révolutionnaires français, lesquels sont tous plus ou moins suspects dans cette Ile. Rappelez-vous le risque que je vous présentais d'y voir attribuer mon voyage dans un pays qui est maintenant peut-être mon unique patrie, et où désirant par dessus tout faire oublier que je suis étranger, j'y réussirais très mal, sans doute, en m’y présentant chargé d’un recouvrement considérable, pour un étranger qui, quelqu'intéressant qu’il soit à vos yeux et à ceux de tous les hommes qui le connaissent, n’en a pas moins été à ceux des Anglais un Général français Révolutionnaire. Ajoutez à cela ma répugnance el je puis