Étude sur les idées politiques de Mirabeau
LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 105
n’essayèrent de jouer un plus grand drame sur un plus vaste théâtre. La cour, Monsieur ne se souvient de rien! Et quand ils n’ont suivi aucun de mes conseils. ils disent qu'on ne peut pas trop compter sur moi, parce que je ne me perds pas de gaîté de cœur pour soutenir des avis et des hommes dont le succès les perdrait infailliblement. » Aussi, déçu dans ses espérances, abandonnè de tous, ignorait-il la voie qu’il allait suivre, quand, le 16 mars 1790, La Marck revint tout à coup à Paris, rappelé par ordre supérieur!.
LE
MIRABEAU, CONSEILLER SECRET DE LA COUR.
(10 mai 1790-2 avril 1791.)
Le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de l'Empereur à Paris, avait lui-même mandé des Pays-Bas le comte de La Marck pour qu'il vint conclure l'alliance de Mirabeau avec la cour. Le roi s'y résignait enfin. Une première entrevue eut lieu chez le comte de Mercy entre ce diplomate, La Marck et Mirabeau. Ce dernier accueillit avec joie les ouvertures qui lui étaient faites. Le roi, averti par La Marck, entra à son tour dans la négociation, sans admettre toutefois qu’elle fût communiquée aux ministres. On se mit alors à rédiger un traité par lequel Mirabeau s’engageait à présenter à la cour un plan qui servit de gage de sa bonne foi; d’autre part, on lui promit que, si l’on était assuré de son zèle, on ferait tout pour subvenir à ses besoins et pour favoriser son ambition.
Le 10 mai 1790, Mirabeau envoya le plan demandé. Il y déclarait que le mobile qui le poussait surtout à se concerter avec la cour, c'était la conviction que le rétablissement de l'autorité légitime du monarque répondait au premier besoin de la France. « Cependant, ajoutait-il, je crois une contre-révolution aussi dangereuse et criminelle que je trouve chimérique en France l'espoir et le projet d’un gouvernement quelconque sans un chef revêtu du pouvoir nécessaire pour appliquer toute la force publique
1. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 136, 456-457, 460.