Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 109

sa fin, il confiait à La Marck ses papiers qui devaient, selon lui, l'empêcher de mourir méconnu‘. Le Châtelet, précisément à cette époque, instruisait contre lui une procédure pour sa prétendue participation aux journées d'octobre. Dans un discours remarquable qu’il vint faire à la tribune, il sut réduire à néant cette calomnie. L'orateur du côté droit, l’abbè Maury, vint lui-même plaider en sa faveur, et l’Assemblée le déclara absous. La Fayette, qui avait aussi promis de parler pour lui, ne souffla mot, de sorte que le tribun lui en‘voulut encore davantage?. Par une étrange coïncidence, on surprit alors un nommé Riolles, agent de l’atelier de police qui, sur ses conseils, commençait à fonctionner. On allait questionner Mirabeau à ce sujet, lorsqu'il se tira de cette méchante affaire en alléguant la nécessité de se défendre tout d'abord contre les attaques des rétrogrades du Châtelet®. Menacé de partout, il voyait tout en noir. La guerre civile pouvait seule, à son avis, éclaircir la situation. Pour la faire avec succès, il voulait fournir des troupes et de l'argent au roi. Il le pressait de réorganiser l’armée et il en fit la proposition à l'Assemblée. À cette occasion, il prononça l'éloge du général Bouillé pour l'énergie avec laquelle il avait réprimé la révolte militaire de Nancy. Puis, afin de sauver le crédit de l'Etat, il s’occupa de l’émission des assignatsÿ. Il pressait d'autre part la cour de préparer les élections judiciaires ; il lui prédisait les questions menaçantes qui allaient se produire, tandis qu'il les étudiait lui-même avec son ami Reybazf. Il se plaisait de la sorte à inquiéter la cour, afin de la jeter dans ses bras et de se poser comme le seul sauveur. Du moins il obtint ce résultat : le 4 septembre,

1. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 109-111. Zeitres à Mauvillon, p. 518519. 2. Archives nationales, A. P. C. C. 2 1, 392 Mon. Disc. du 2 octobre 1789. Corr. Mirabeau-La Marck, v. IL, p. 181, 192, 195, 202, 208 et 209. La Fayette, v. Il, p. 362. Ferrières, v. II, p. 107-109, 158-160. Rabaut-Saint-Étienne, v. 1, p. 90. Lettres à Mauvillon, p. 523. Plan, p. 83.

3. Mon. du 11 septembre 1790. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 89.

4. Archives nationales, A. P. C. C. 2 1, 394 Mon. du 1% septembre et du 28 octobre 1790. Courrier, v. IX, p. 574, v. XI, p. 250. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Ii, p. 132-136. La Fayette, v. IV, p. 45.

5. Mon. Disc. du 27 août et du 8 octobre 1790. Courrier, v. XI, p. 12-13. Lettres à Mauvillon, p. 524. Plan, p. 82, 87-88.

6. Ces questions étaient celles du divorce, de la régence, de l'éducation du prince royal. Plan, p. 83, 95. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 162-168, 210-215, 305-311, 317-320.