Étude sur les idées politiques de Mirabeau

408 F. DECRUE.

Dans l’œuvre qu'il avait entreprise, il entendait avoir la haute main. En conséquence il se proposait d'employer tous les moyens propres à faire rappeler en sa faveur le décret du 7 novembre, et s’obstinait à exiger de la cour le renvoi de ses ministres et de ses anciens familiers. Il consentait toutefois à devenir le centre d’un grand parti royaliste et à s’allier à La Fayette, comme au duc d'Orléans dont la popularité pouvait seule balancer la puissance du général. Mais le prince ne pouvait revenir en grâce aux Tuileries. Quant à La Fayette, il resta sourd aux appels de Mirabeau'. Celui-ci s’en ressentit vivement et, le jour même où il le pressait pour la dernière fois de venir à son aide, il disait tout le mal possible de lui dans une lettre qu’il adressait à la cour. Bientôt sa correspondance ne fut plus qu’un réquisitoire dressé contre le général. Ce fut surtout au moment de la fête de la Fédération (14 juillet 1790), quand La Fayette eut empêché son élection à la présidence de l’Assemblée, qu’il lui témoigna la haine la plus violente et, dans la conduite qu'il tint à son égard, il fit preuve d'une fourberie toute machiavélique?.

Il ne trouvait en effet de compensation à la loi qui l’empêchait d'entrer au ministère que dans le vote qui le porterait à la présidence de l’Assemblée. Ces fonctions ne duraient cependant que quinze jours. Mais l’Assemblée elle-même suspectait Mirabeau et le tribun en marquait son mécontentement par la violence de son langage®. Bientôt le découragement le prit. Il ne parla plus qu'à de rares occasions. Enfin il tomba malade et, se croyant près de

150, 225-226, 251, 298, 317-320. La Fayette, v. LUI, p. 161. — Pour le plan même, cf. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 175-181, 198-200, 324, v. Il, p. 34, 38, 43-44, 103-109, 113, 126, 132-135, 215, 230, 324, 414-503, v. INT, p. 74-79.

4. M. Thiers accuse à tort la cour de n’avoir pas tâché d’unir Mirabeau et La Fayette (v. I, p. 200). C£. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 155, 168, 183-184, 186-187, 193-194, v. IT, p. 40, 65, 69, 72, 74-79, 103-109, 113, 144, 178, 215-221, 223, 227-298, 230-234, 236, 248, 253, 259-260, 270, 327. Lettres à Mauvillon, p. 510-513. Ferrières, v. IT, p. 81.

9, Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 153, v. IN, p. 1-7, 15, 19-22, 25, 32, 59, 66, 69, 72, 83-85, 97-98, 158-159, 161, 166, 169, 171, 185, 192, 194, 341. La Fayette, v. Il, p. 365-368, 432, 459, 496.

3. Mon. du ?8 juillet et du 5 août 1790. Réquisitoire contre le prince de Condé (Cf. Archives nationales, A. P. C. C. 2 1, 380); défense d'un officier cassé par le ministre de la guerre, Brienne.

4. Notamment en faveur de son frère, des privilèges du port de Marseille, de l'alliance espagnole. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 381, v. I, p, 45-47, 55, 89 et 160.