Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 414

objectait que sa popularité même était utile à la cause royale. Mais on eût dit qu'il prenait à tâche de sacrifier cette cause à sa popularité. Aussi s’étonnait-il à tort de ne pas trouver aux Tuileries l'estime qu’il désirait. Son alliance ne portait pas de fruits. À ce moment le comte de Mercy était rappelé de Paris; La Marck allait le suivre; tout semblait perdu, quand Mercy eut l’idée de se faire remplacer dans son rôle d’intermédiaire officieux par Montmorin qui avait été maintenu au Conseil!.

Cette inspiration faillit assurer le succès. Le 5 décembre 1790, Mirabeau eut, de l’assentiment de la reine, une conversation avec Montmorin. Après de nombreux essais d'accord, il se le voyait définitivement acquis. Le 23 décembre, il lui remit un mémoire intitulé : Aperçu sur la situation de la France et les moyens de concilier la liberté publique avec l'autorité royale. 1 y retraçait les grandes lignes de son plan, mais en insistant davantage sur la nécessité de s’assurer les chefs de parti. Ses projets furent aussitôt adoptès par le ministre et exécutés dès lors avec suite ?.

La récompense qu’il attendait de ses services était, par-dessus tout, la présidence de l’Assemblée. A cette époque, il se croyait sûr de l'appui du gouvernement et de la droite. D'autre part, il se sentait affaibli devant la gauche. Pour la gagner il se montra toujours révolutionnaire et irréligieux dans le débat sur la constitution civile du clergé. Ses discours et ses adresses furent autant de coups portés aux sentiments intimes de la cour. Il s'excusait auprès d'elle en prétendant « enferrer » l’Assemblée par ses excitations à la violence. Il mentait ; car il proposait en même temps des mesures propres à sauver la nouvelle constitution. D'ailleurs, dans la question religieuse, Louis XVI et Mirabeau se refusèrent à toute espèce de concession et ne transigèrent jamais. Tandis que le roi cédait sur tout, sauf sur le terrain ecclésiastique, Mirabeau, qui cherchait des accommodements avec toutes les institutions du passé, battit toujours en brèche les prétentions du clergés.

Mais la gauche répondait à ses avances. Il fut nommé successivement chef de bataillon dela garde nationale (14 janvier 1791),

1. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 198.

2. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 175-198, 202-203, 221, 235, v. IL, p. 181, 198-199, 401, 403, 414-503. Malouet, v. IH, P. 11-15. Thiers, v. I, p. 252.

3. Mon. Disc. des 7 et 26 janvier 1791. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il p. 365, 367, 370, 378-380. Malouet, v. IE, p. 12. Dumont, p. 264.

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