Étude sur les idées politiques de Mirabeau

4 F. DECRUE.

sans résultat contre sa femme, qu’il voulait faire revenir chez lui (1783), avec succès contre son père, à qui il réclamait de l'argent (1784). C'est un cours de droit civil qu’il suit en action. Sa vie n'est-elle pas son éducation mème ?

De 1784 à 1787, changement de scène : Mirabeau voyage. Il s’est brouillé avec toute sa famille et ne peut vivre en France. Il connaît déjà la Hollande et ses institutions républicaines; en 1784, il va étudier la monarchie parlementaire à Londres. ED se lie avec des hommes d’État anglais, comme lord Minto et sir Samuel Romilly. Il rentre en France et peut comparer alors la royauté absolue avec les constitutions les plus libérales de l'Europe. Mais ses brochures politiques et sociales le font condamner par le parlement. Il se retire en Allemagne, où domine l'Etat militaire prussien. À Berlin, il est même reçu un jour par le vieux roi Frédéric II (25 janvier 1786).

Cette période de 1784 à 1787 est d’une importance capitale dans la vie de Mirabeau. Non seulement ses voyages lui font connaître des mœurs et des constitutions diverses et l’initient au mécanisme de la grande politique européenne, mais c'est alors qu’il entre en rapport avec les ministres de Louis XVI. Cest dans l’année 1785, et non en 1790 seulement, que Mirabeau noua des relations avec le Conseil du roi. Notons cette date; elle est importante à retenir. Cette remarque sauve déjà le grand orateur de l'accusation de trahison que l’on a portée contre lui.

De 1785 à 1791, Mirabeau n’a pas cessé d’avoir des rapports, sinon avec la cour, du moins avec les ministres du roi. L'éclat de son nom, les scandales de sa vie, le retentissement de ses pamphlets le désignaient déjà, en 1785, à l'attention, non seulement du public, mais aussi du pouvoir. Pendant un séjour que Mirabeau faisait à Paris (1% avril 1785), le ministre Calonne crut pouvoir tirer parti de ses talents. Le voyant sans ressources, il le paya pour écrire contre des établissements de crédit qu'avaient fondés ses prédécesseurs au contrôle général des Finances. De son côté, le célèbre Beaumarchais recevait de l'argent pour soutenir ces institutions. Alors on vit ces deux apôtres de la cause de l'indépendance et de la liberté se faire salarier pour défendre l'un contre l’autre des systèmes qui leur étaient, au fond, bien indifférents.

En 1786, le Cabinet juge Mirabeau digne d’un autre genre de travail. Il passe du service financier au service diplomatique. Il