Étude sur les idées politiques de Mirabeau

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LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 15

tique*, approuvait un système d’assemblées provinciales chargées de fixer? et de lever elles-mêmes leurs impôts®. Mais la Révolution devait aller plus loin et supprimer les anciens pays d'Etats et corps de provinces. Mirabeau se félicite de cette mesure et la représente comme un bienfait, aussi bien pour la monarchie que pour la nation‘. Il coupe court aux velléités qu'ont certains Etats provinciaux de gêner l'œuvre de l’Assembléeÿ.

Quand il fallut réorganiser le royaume, l’Assemblée chargea de ce soin un comité présidé par Siéyès. Ce comité partageait la France avec une régularité mathématique. Il créait quatre-vingts départements égaux ; chacun d’eux se divisait en neuf districts de trente-six lieues carrées, chaque district en neuf cantons de quatre lieues carrées. La France, mesurant alors 25,920 lieues carrées, devait compter quatre-vingts départements ou 720 districts ou 6,480 cantons s’emboîtant les uns dans les autres.

Mirabeau comprend toute l’absurdité d’une telle marqueterie de la surface du royaume. Le Courrier de Provence la déclare impossible et allègue une série d'arguments que le grand orateur reproduit à la tribune. Il accepte en principe l'abolition des privilèges des provinces, c’est-à-dire la suppression des anciennes provinces elles-mêmes. Il applaudit à l'institution des municipalités, des administrations départementales et d’un nouvel ordre judiciaire. Mais il demande que la division du sol soit appropriée aux circonstances et non aux calculs mathématiques. L’administration, qui exige un grand concours de citoyens, doit relever directement du gouvernement. Dans les élections, il convient de diminuer l'influence des villes sur les campagnes. Dans le fractionnement du royaume, il faut surtout tenir compte des préjugés locaux et diviser, non pas le royaume, mais les provinces mêmes. Le projet du comité, au contraire, conservait, d’une part, des provinces entières, et créait, d'autre part, des départements formés de débris de provinces. « Je sais, dit Mirabeau, qu’on ne couperait pas des maisons, ni des clochers ; mais on trancherait tous les liens que resserrent depuis si longtemps les mœurs, les

1. De l’ulilité des états provinciaux, par le marquis de Mirabeau, 1750. 3° éd., 1758.

2. Dénonciation de l’agiotage (1787), p. 129.

3. Moniteur. Discours du 7 août 1789. Archives parlementaires, p. 364.

4. Corr. Mirabeau-La Marck, v. IL, p. 75, 225, 431 (Notes 8° du 3 juillet 1790, 30° du 14 octobre 1799, 47° du 23 décembre 1790).

5. Ainsi les États du Dauphiné. Moniteur. Discours du 26 octobre 1789. Courrier de Provence, n° 58, p. 4.

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