Étude sur les idées politiques de Mirabeau
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plus tôt lorsqu'ils sont appelés plus jeunes à répondre d'euxmêmes!. » Ce système appelle tous les citoyens, mais il les essaie et n’admet comme éligibles que ceux qui ont donné des preuves de leurs capacités. « Dût-on pour cela laisser de côté trois beaux génies ignorés, on préférera la certitude de n'avoir pas de mauvais candidats?. » Cette proposition, destinée à combattre les . progrès de la démagogie, ne passa pas à l’Assemblées.
Effrayé de l'influence, devenue menaçante, des municipalités, il voulut d'abord réprimer la commune de Paris qu'il avait contribué à établir. Il redoutait les grandes capitales, « foyers de corruption et de servitude... causes très actives de destruction pour tous les États et dues à la folie du gouvernement qui s'efforce d'attirer tout autour de lui pour être plus absolu. » La monarchie en effet récoltait ce qu’elle avait semé; elle avait concentré dans la capitale toute l'autorité, pour mieux l'exercer. Lorsque le centre du royaume se trouva au pouvoir de la populace, la populace mena la France. Mirabeau le sentait. Tout en voulant augmenter l'influence gouvernementale, il s’opposait à une centralisation exagérée du pouvoir. Il soutenait sans doute l’indivisibilité du royaume”, mais il n’était pas toujours éloigné d'admettre un système fédératif de gouvernement. « En tout, dit-il pendant qu’on élabore la nouvelle organisation du royaume, je tiens plus que jamais à mon système qu'un grand empire ne peut jamais être bien gouverné que comme une congrégation de petits États fédératifs, dont le nœud fédéral est dans une Assemblée représentative, présidée et surveillée par le monarquef.— Ainsi le nôtre se dissoudra ou se constituera ainsi; je ne doute pas que si notre gouvernement devient sage et notre constitution mûre, tous les bords du Rhin... viendront s’y ranger et l'on verra enfin jusqu'où peuvent s'étendre les conquêtes de la liberté et de la raison humaine”. » Il reproduit ces idées à plusieurs reprises8; à ce propos, il rappelle la conclusion de son
. Courrier de Provence, ne 79, p. 20.
. Courrier de Provence, n° 79, p. 14.
. Moniteur. Discours du 10 décembre 1789.
. Lettres de cachet, v. I, p. 220.
. Courrier de Provence, v. XII, p. 139.
. Lettres à Mauvillon, p. 506. 31 janvier 1790.
. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 451. 1° janvier 1790.
. Ibid., v. I, p. 459 (lettre du 27 janvier 1790), p. 527 (lettre du 19 octobre 1790). Nous ne pouvons admettre ce jugement de Lanfrey sur Mirabeau : « Il était éminemment centralisateur » (p. 141).
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